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28/03/2018

La Nature : Un garde-manger

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   Vous savez qu'il existe quelques lieux dans ce monde où sont entreposées et surveillées toutes les espèces végétales cultivées comestibles. Ce sont des bunkers gigantesques et discrets qui les sauvegardent en cas de guerres chimiques ou atomiques.
On peut saluer cette forme d'entente cordiale internationale pour une fois intelligente, pacifique et apolitique.
En Sibérie et au Costa-Rica sont rassemblées les semences de tous les légumes.
En Corse, un conservatoire regroupe les agrumes du monde entier.
En divers points du globe (toujours volontairement très éloignés les uns des autres) ce sont des arboretum qui se tiennent prêts à repeupler les forêts...

   J'ai donc envie de dire que la Nature (celle qui constitue notre environnement proche) est aussi un sanctuaire, un conservatoire essentiel.
Car... tous nos fruits et légumes ont une origine sauvage, même s'il faut changer de latitude pour trouver la tomate en son état originel !

Si le cœur vous en dit, je vous emmène en cueillette gourmande et gratuite...

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Accueil rafraîchissant en sortie de village : La première cascade.

Pourquoi une CASCADE produit-elle autant d'effet sur les humains ?

- Son nom d'abord est agréable à prononcer, il est presque une onomatopée tant il est sonore.
- Sa vue a quelque chose de magique et de puissant. Notre esprit imagine le parcours souterrain de l'eau qui se purifie sur son trajet tortueux pour ressurgir comme ça, brutalement sous notre nez, à croire qu'elle n'en pouvait plus de sa vie secrète et obscure !
- Son bruit parfois assourdissant se révèle aussi apaisant.
- Ce qu'elle représente nous rassure : Bêtes et hommes ont là de quoi boire, ce qui est essentiel à la vie.
- Les gourmands du végétal apprécient d'y trouver des espèces uniques, comme certaines fougères dont les crosses sont comestibles simplement sautées au beurre, des lichens et des mousses comestibles rares.
Ainsi, nous marquons tous le pas devant une cascade....

Le printemps chasse l'hiver... 

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   Ma promenade a pour but de trouver (au moins) de la mâche sauvage au goût à la fois puissant et doux, proche du cresson. La neige est à peine fondue mais je sais que je vais en trouver.
La "doucette" est une emmerdeuse ! Elle aime recevoir un ensoleillement oui, mais pas plus de 3 heures par jour (sinon elle vire au jaune), si possible le matin (donc pas trop fort).
Elle aime avoir les pieds au frais mais ne veut surtout pas stagner dans l'eau ! C'est pourquoi elle adore pousser sur les vieux murs poreux et sur les pentes de terre sablonneuses orientées à l'Est.

Les bords de routes des Cévennes sont protégés des chutes de pierres et de neige par d'anciens murs solides ; sur ces murailles, je cueillerai ma salade chérie avec un sentiment de zéro risque au niveau des urines animales : les bêtes (y compris les campagnols, mais pas le dahu :-) ne font pas pipi en équilibre !
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Bien entendu, on pourra aussi cueillir la mâche dans les prés humides et pentus en prenant soin d'éviter les lieux souillés par la pollution canine ou les déjections des troupeaux, et ceci partout en Europe.

Alors oui, les rosettes de mâche sont petites et je m'en contrefiche car elles seront délicieuses !!

PETITE RÉFLEXION AU SUJET DES DÉJECTIONS ANIMALES :
Je ne fais que reporter (et suivre) les consignes de sécurité que diffuse chaque ouvrage botanique en matière de cueillette mais.... n'y aurait-il pas là un certain paradoxe ?
En effet, si un troupeau est passé sur un champ, nous nous gardons d'y ramasser des salades.
Pourtant, lorsque le jardinier (amateur ou professionnel) souhaite enrichir sa terre afin que sa récolte soit plus conséquente, il l'amende bien avec du fumier de mouton, d'âne ou de cheval, non ?
Les trois étant rassemblés dans des sacs vendus en jardinerie, non sans attribuer la palme d'or au fumier d'âne !
Et nous, pauvres cueilleurs, nous devrions laisser sur place les magnifiques pissenlits qui poussent sur les crottes de biques ? Tsssss...

… Continuons la balade.....
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Juste à côté de la cascade, un jeune houx a décidé de pousser là !
Encore un capricieux aux mœurs sexuelles déroutantes : Il n'arborera ses belles boules rouges que sous certaines conditions matrimoniales ^^.

J'adore rencontrer le houx pour admirer la découpe originale de son feuillage lumineux qui semble verni de frais.
C'est toujours un grand moment... surtout face à des houx gigantesques, presque noirs et impressionnants.

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Ah te voilà Monsieur Pissenlit !! ENFIN !
Il se torture pour émerger d'un amas de feuilles mortes, certes, mais au moins il est visible et si jeune, si clair, il sera un bonheur de tendreté à déguster en compagnie de quelques croûtons frottés d'ail.

Là encore, je suis prudente quant aux lieux de récolte : Toujours à l'abri des urines animales (parfois porteuses de l'échinococcose, non signalée dans le Sud mais on reste vigilant). Le pissenlit aime aussi les verticales, je le cueillerai donc hors de tout risque.

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Stop, stop, stop !! L'ail des ours se présente en tapis denses à flanc de rivière mais plutôt en bordure d'un bras d'eau calme comme on en trouve avant et après les larges cascades (photo ci-dessus).

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Il ne vit que brièvement en mars/avril, le temps de fleurir et de répandre ses graines, donc si on en trouve il faut le ramasser sans attendre mais toujours en prenant soin de laisser quantité de plants utiles à la survie de l'espèce.
J'y reviendrai quand il sera en fleurs, ses ombelles blanches donnant de superbes bouquets
.
!!!!! Attention à ne pas le confondre avec le muguet (toxique) dont les larges feuilles sont assez ressemblantes.
Mais la confusion sera vite évacuée en froissant une feuille : Une forte odeur d'ail pénètre les narines, pas de doute possible car la feuille de muguet est inodore !

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Et pourquoi ce nom ?
Parce que les ours sortis d'un long hivernage recherchent -avant toute autre nourriture- cette plante médicinale internationale qui sera leur dépuratif et ordonnera la "remise en route" du système digestif et immunitaire tout en donnant un "coup de fouet" aux ours grâce à la forte teneur en vitamine C de toute la plante (feuilles et fleurs).

Chez l'humain, l'ail des ours tout aussi bénéfique sera ciselé dans les salades en remplacement de la gousse d'ail ; on ne perd pas au change car il est digeste, plus fin et plus discret.

J'en fais un "fromage végétalisé" à tartiner, excellent sur du pain de campagne ! :
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>> Cueillir 20 feuilles d'ail des ours, les hacher au couteau (pas de robot qui les "cuirait") en y mêlant 4 ou 5 feuilles de menthe fraîche ou de mélisse (en l'occurrence, j'ai mis 2 feuilles de menthe et 2 de mélisse).

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On ajoute une giclée d'huile d'olive + un peu de sel puis on amalgame le tout en y écrasant un fromage de chèvre frais. Ne pas oublier de poivrer au moulin.

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Ça, c'est du bonheur à l'état pur ! La saveur de l'ail est présente sans dominer celle du fromage, il y a de la douceur, de la chlorophylle, de la finesse et une grande digestibilité.

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Il est difficile de hacher l'ail des ours menu-menu car la feuille est extrêmement fine, presque transparente (plus fine qu'une feuille de laitue) mais même avec un hachis grossier il n'y a aucune gêne en bouche, sa texture se fondant à celle du fromage.

........................................

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Armoise (ou vilaine Artémise ;-)

En voilà une belle saloperie au redoutable parfum camphré !!  Plante classée à la fois toxique et... médicinale ^^
Et oui, ça existe...

De la même famille que l'absinthe et l'estragon, son pouvoir stomachique et emménagogue sera vite provocateur d’épilepsie et allergisant si on dépasse la dose ! Donc, on l'oublie... mais pas les cultivateurs car sa cruauté en fait une plante assassine qui étouffe toutes les bonnes herbes et les anéantit ; du coup, forte de son pouvoir maléfique et hautement traçant, elle envahit les cultures et aucun herbicide n'en vient jamais à bout... Attila, si tu me lis, reviens !!
Même les moutons ne veulent pas brouter l'armoise, c'est dire !

Par contre, en placer des brassées dans les litières évite aux animaux (tous) d'avoir des puces et autres parasites.

En Aubrac, on cuisine toujours le "rôti de veau à l'armoise" parfumé par un petit bouquet de jeunes feuilles qui lui confèrent une léger parfum anisé.
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Notre premier botaniste -Pline- décrétait ceci : "Ceux qui portent un brin d'armoise sur eux n'ont à craindre ni les poisons, ni les bêtes venimeuses, ni le feu, ni le tonnerre".
Quelques feuilles glissées dans les chaussures de randonnée évitent crampes, douleurs et inflammations. D'ailleurs, Napoléon obligeait ses soldats à s'en faire des semelles.
En Chine, on embrase toujours des petits rouleaux d'armoise séchée pour chauffer les points d'acupuncture.
L'armoise est un paradoxe végétal : Cruelle et purificatrice, empoisonneuse et anti-poison....

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Le nombril de Vénus

Salade qui n'a pas l'air d'une salade ! Amoureuse inséparable des vieux murs moussus, elle aime la pierre car elle y fourre ses longues racines qui ont besoin de fraîcheur permanente, c'est une question de survie.
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Croquante et juteuse, c'est un peu ma chouchoute car servie à l'apéro avec une noisette de tapenade noire ou d’œufs de lump dans son petit creux, on offre du beau, du bluffant et du bon naturel !
Et là encore, il n'y a aucune pollution sur les vieilles pierres, surtout à plus d'un mètre de hauteur !

Si on ne veut pas le servir en isolé, le nombril de Vénus apportera sa touche originale et sa rondeur dans une salade où se mélangeront d'autres sauvageonnes :
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.... Continuons...

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L'ortie

Je note les lieux précis où pousse l'ortie (toujours hors pollution) de manière à y retourner en toutes saisons, que ce soit pour les tisanes, les soupes ou les garnissages de tartes et lasagnes.

J'ai même adopté une habitude : Celle de marquer "mon territoire", non pas en urinant tout autour (lol) mais en y plantant un bâton au bout duquel j'enfonce une canette en alu (véritable clignotant sous le soleil), cannettes hélas répandues le long des routes sur tout le territoire...
Ainsi, même lorsque les herbes hautes envahiront la place, je retrouverai mes orties.

Si on peut la récolter en début de croissance, elle donnera le meilleur de ses vertus. Sinon, toujours cueillir les nouvelles feuilles du haut de la tige, les plus anciennes étant amères et moins chargées de principes actifs.

Il faut éviter de conserver les tiges qui sont extrêmement fibreuses (elles servaient autrefois à la confection de textiles rigides) ; pour preuve, si vous mixez la soupe avec les tiges, elles iront s'enrouler autour de l'axe du plongeur et y formeront une pelote bien difficile à détortiller ;-)

Ma technique de cueillette : Un gant ultra léger (fauché à la station service), une paire de ciseaux et un sac receveur.
On coupe une sommité d'ortie que l'on fait tomber directement dans le sac sans qu'on ait besoin de la toucher. Il suffira de renverser le sac dans la soupe.

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>> Compter une petite patate par personne, tranchée en fines lamelles (= cuisson brève) plongées dans l'eau salée et poivrée, agrémentée -si vous y tenez- d'1/2 tablette de bouillon.
Laisser bouillir quelques minutes, tester avec la pointe d'un couteau : Dès que la pomme de terre est tendre, vider le sac d'orties dans la soupe (une grosse poignée par personne), attendre la reprise de l'ébullition, couper le feu, couvrir et laisser ainsi quelques minutes puis mixer le tout, ajouter (ou non) un chouia de crème fraîche.

Grâce à la cuisson courte, la saveur et les vertus de l'ortie sont quasi intactes : Douce, parfumée, très goûteuse mais aussi riche en vitamines A et C, en PROTÉINES (l'ortie est le végétal qui en contient le plus), en principes dépuratifs appréciables en fin d'hiver, composants qui nettoient aussi bien les organes de la digestion que l'épiderme et le cuir chevelu... Une mine de bienfaits !

NOTA : La soupe froide d'orties, en été, sera un régal rafraîchissant si on lui ajoute quelques feuilles de menthe.

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Les violettes
J'en ai fait souvent tout un plat... Cristallisées, confiturées, inclues dans les salades... Pour l'instant je n'ai trouvé que celles-ci, peu parfumées, donc je les laisse en place mais c'est toujours un ravissement de surprendre leur tapis mauve.

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Les légumes racines
Lors des balades printanières il est aisé de repérer (et marquer) les lieux où poussent et fleurissent les salsifis, panais, carottes, topinambours et autres légumes sauvages que l'on arrachera à l'automne et dont la plante défraîchie ne sera plus identifiable.

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Pour les châtaigniers, aucun problème, il y en a partout ! Si je ne manque pas de courage (c'est un travail d'épluchage démentiel), je ferais à l'automne une crème de marrons chocolatée et vanillée.

Vivement le mois de mai pour les cueillettes de poireaux et de fraises des bois, juin pour les framboises et groseilles sauvages...
Le reste de l'année, j'ai mes "coins" à girolles et cèpes car une grosse averse + 2 jours de chaleur = poussée de champignons en n'importe quelle saison !!

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Le Parc Régional des Cévennes (classé patrimoine national par l'UNESCO) a dû imposer une réglementation quant aux cueillettes de Gentiane et d'Arnica afin de protéger ces espèces ; nous aurons droit à 2 tiges par habitant et encore... sur présentation d'une attestation de domicile. Mais je suis d'accord à 100 pour 100 !
La récolte de Cèpes s'en trouve aussi réduite à 2 kg par habitant et par jour, et je serais ravie de ne plus voir partir des remorques entières chargées de tonnes de champignons, ravie de ne plus voir les saccages opérés par les vandales à but de commerce.

Ainsi, la connerie humaine (celle qui fait dévaster les prés et les forêts) engendre de l'emploi : Nous avons désormais des « vigiles des bois »....

26/01/2018

Du panais oui mais cru !

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Quel beau légume racine !

La saveur légèrement sucrée du PANAIS hésite entre artichaut et céleri rave, son parfum frais est assez piquant.

Bénéfique (très riche en antioxydants, phosphore et potassium) il sera le plus souvent rôti, transformé en soupe ou en purée mais cette fois-ci, nous le mangerons cru !

Avant d'aborder la recette (celles que les cueillettes n'intéressent pas descendront direct en bas de page ;-) nous allons tracer le portrait du trop discret panais sauvage...

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C'est en contrebas des routes (où s'accumule l'humidité) et en bordure des rivières qu'il est le plus fréquent en toutes régions.

Ses ombelles jaunes se signalent par leur hauteur qui peut atteindre 1,50 mètre. De loin, on pourrait croire qu'il s'agit de fenouils sauvages, mais il n'en n'est rien.
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Gros plan sur les ombelles (de juin à septembre)...
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... et sur sa tige creuse cannelée caractéristique.
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Jamais en isolé, le panais sauvage vit en groupe dense et serré. C'est à la belle saison qu'il faut le repérer car la cueillette des racines se fera en fin d'automne et en hiver et là, il aura perdu de sa superbe, voyez plutôt :
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Les ombelles sont desséchées, chaque fleur a donné une graine encapsulée comme s'il s'agissait de minuscules "monnaies du pape" (de son vrai nom la Lunaire).

Voilà, à ce stade on peut tirer sur la plante, si possible après une bonne pluie car la racine pivotante est profonde.
L'espèce étant très mellifère, les insectes auront eu le temps de s'approvisionner, on est tranquille, on peut cueillir !
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Le panais sauvage présente un imbroglio de racines digitées comme on le voit ci-dessus.

Il a été génétiquement modifié afin que le cultivar donne un gros légume unique mais je me fiche royalement de passer 2 heures à gratter, nettoyer, peler et découper, la récompense est une saveur 10 fois plus puissante et bien sûr zéro pesticide.

Seulement voilà.... Il y a un hic : Il existe 2 espèces de panais :
- Le panais commun (Pastinaca sativa). Toutes les photos de cette page le représentent.
- Le panais brûlant (Pastinaca Urens) dont les feuilles sont toxiques mais pas pour tout le monde !
Il se différencie aisément par une tige non anguleuse, toute lisse sans cannelures.
Dans le doute, il sera prudent de porter des gants et d'éliminer le feuillage sur place afin de ne ramener que les racines inoffensives.
Le contact avec le vert de la plante peut entrainer une violente éruption cutanée qui -si on s'expose au soleil- se transformera en cloques suivies de cicatrices durables.

L'incursion botanique étant close, passons en cuisine !

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COLESLAW PANAIS-POMME-CAROTTE-CHOU (pour 4 personnes) :

- 2 panais
- Environ 200 g de chou blanc
- 2 carottes (j'ai mis un carotte jaune et une "normale")
- 1 pomme Grany Smith
- 2 citrons (à presser)
- Quelques pluches de cerfeuil ou persil
- 50 g de fromage blanc nature
- 40 g de mayonnaise (ou moins)
- Sel et poivre

LA RECETTE :

* Le chou sera rincé.
* La pomme sera bien lavée car on garde sa peau, puis coupée en 4 afin de l'épépiner.
* Carottes et panais seront épluchés et rincés.
* Suivant son matériel, soit on râpe fruit et légumes à la mandoline, soit au robot grosse grille.
* Le tout est arrosé avec le jus d'1,5 citron allongé d'un peu d'eau ; c'est important sinon le panais et la pomme noirciraient.
* Dans un saladier, mélanger le fromage blanc, la mayonnaise, le jus de citron restant et l'aromatique ciselée + sel et poivre.
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* Il ne reste plus qu'à ajouter la pomme et les légumes râpés bien égouttés et même séchés dans un torchon, puis filmer le saladier qui attendra son heure au frigo.

NOTA : Etant donné que j'en avais fait pour un régiment ;-) il en restait mais ma Coleslaw était à peine amollie le lendemain.
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Elle a fini en wraps et c'était impec... même si une fine tranche de saumon fumé eut été bienvenue là-dedans !

RE NOTA : Lorsque je passe à la station service, je tire sur le distributeur de gants et j'en emporte quelques uns ; en promenade, une paire de ces gants gratuits ne pèse rien dans le panier mais peut s'avérer une bonne mesure de précaution.

22/09/2017

Les jujubes.... cueillette et souvenirs

   Dans le Midi, pour trouver des amandiers, des noyers, des figuiers et des jujubiers rescapés et libres, il faut se placer en haut d'une colline afin d'embrasser la plaine du regard et lorsqu'on aperçoit une bâtisse en ruine, c'est là qu'il faut aller !
Autrefois, les arbres nourriciers étaient sacrés et protecteurs, donc plantés contre les murs orientés au Sud, sans oublier le laurier-sauce pour les futures daubes...
Abandonnés, ils prennent des formes échevelées et tourmentées mais ils donnent encore des fruits, forcément sains puisque ignorés de tous... sauf des oiseaux, des rongeurs et des lapins de garenne qui s'en régalent et les cantinent pour l'hiver !

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Mes pas m'ayant portée vers ce magnifique jujubier accolé à une ruine, je restais un moment interdite...

Port élégant, racé, rappelant un peu la nonchalance du saule pleureur, ses feuilles sont vert clair, dentées, vernies, les branches sont porteuses de redoutables épines défensives.
Les fruits mûrs se mêlent à ceux qui n'ont pas encore pris leur belle teinte chocolat, ce qui autorise plusieurs récoltes et j'vais pas m'gêner !!

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J'ai beau savoir que cette note n'intéressera pas trop les "nordistes", il y a parmi elles des personnes originaires d'Italie où l'on vénère le jujubier, d'Asie (il est né en Chine), des lectrices dont les racines sont en Afrique du Nord et les jujubes, elles connaissent !
En Asie, les jujubes trouvent une large place en cuisine, il est appelée "Datte chinoise". Au Maroc et en Algérie, on le nomme suivant les régions "Sidr" ou "Aneb" ou encore "Zefzouf" mais dans ces deux pays, le jujube est surtout utilisé pour ses vertus cosmétiques, médicinales et.... pour chasser le mauvais œil !!

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Le jujubier (Ziziphus Jujuba) en fleurs au printemps. Pas vilain non plus, hein ?!

Tout en cueillant mes petits fruits adorés (et en m'en goinfrant) j'ai eu comme une envie de parler des jujubes ici, d'en faire un peu le tour avec vous, un genre de voyage vers un fruit sauvage en voie de disparition, méprisé, ignoré en France alors qu'en Italie toute proche, il a son jour de fête.

Souvenirs... souvenirs...

Le jujube -pas plus gros qu'une belle olive- m'émeut au plus haut point car il me replonge dans une petite enfance que je me suis efforcée d'oublier à l'exception de mon grand-père et de son jardin.
Lorsque dans la maison on se battait à coups de n'importe quoi et qu'on hurlait trop fort, mon pépé voulait m'épargner : il venait me chercher à l'école (ce qui était mauvais signe) et nous marchions tout doucement main dans la main vers la maison.
Au lieu d'y entrer, Eugénio m'emmenait vers son potager où il y avait toujours une petite tomate pour moi, une fraise, un grappillon de raisin, et bien sûr un jujube ! Il en surveillait la maturité afin que j'en ai toujours la primeur dans cette parenthèse à l'écart de la guerre.
J'adorais la saveur douce et mielleuse des jujubes dont la pulpe fond trop vite dans la bouche.... et mon grand-père le savait bien, lui aussi les aimait mais il s'en privait pour moi.

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En Italie, on fabrique artisanalement une liqueur précieuse à base de jujubes, sombre et épaisse (semblable au vin de noix, photo ci-dessus).

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Dans toutes les contrées où l'on cueille les jujubes, on les transforme en une pâte dont la saveur rappelle la pâte de dattes.

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En Afrique et en Asie, on place des ruches au milieu des jujubiers, les abeilles sont friandes des fleurs comme des fruits et produisent un miel aussi cher qu'incroyablement parfumé, ayant (dit-on) des pouvoirs aphrodisiaques.

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Les feuilles sèches du jujubier permettent des tisanes qui soignent les problèmes intestinaux, le diabète mais dont la première vertu est d'apaiser l'esprit, puis accroître l'énergie vitale et renforcer le tonus musculaire.

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L'huile de jujube soigne le psoriasis, l'eczéma et la gale mais répare aussi les rides et les cernes noirs dus aux maladies du foie. Un antioxydant parfait.

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Quant à la poudre de feuilles de jujubier, les femmes du Maghreb l'emploient pour laver leurs cheveux à la place du shampoing, renforcer la fibre capillaire, favoriser la repousse et redonner du volume. Elle donne de la luminosité aux cheveux, et peut être utilisée comme une alternative au henné neutre (non colorant).
Comparable à la Spiruline par sa composition et sa teneur en vitamine A, la poudre mélangée à un peu d'eau devient un véritable masque-soin des cheveux cassants, fins et sans volume.

Mais ce n'est pas tout, placée en pyramide dans une coupelle près de la porte d'entrée, la poudre magique chasse le mauvais esprit et les vilaines sorcières !!

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En confiture (ci-dessus) j'ai essayé une fois, et je n'ai pas trouvé cela extraordinaire, la saveur est trop discrète, mais la couleur d'ambre est superbe.

Avant de reparler du fruit frais, on va voir que même le bois du jujubier est (a été chez nous) utilisé pour fabriquer des instruments de musique, des objets religieux ou culinaires. Son veinage et sa brillance sont incomparables :
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Du coup, une pensée traverse ma tête :
Au fil du temps, on aurait pas un peu perdu toute une tripotée de métiers, de rituels, de préparations ?
Des "choses" qui faisaient notre histoire, notre bonne santé, notre patrimoine et quelque part, notre fierté ?

La "vox populi" incrimine un peu trop facilement les étrangers qui débarquent en France comme s'ils venaient nous prendre notre travail. Mais.... a-t-on vraiment eu besoin des émigrés pour laisser tomber des métiers qui avaient une valeur et une âme ?

D'un arbre, on tirait des fruits, des feuilles, des noyaux, de la sève, du bois d'ébénisterie, des écorces protectrices de semis.... Non ? Je délire ?

Bref, revenons à nos gourmandises buissonnières...

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Voilà les trois stades d'un jujube:

- A gauche, très brun, il est encore trop ferme, sa chair est presque verte et assez acide mais certains l'aiment ainsi.
- Au centre, un peu blet, il est en confiture à l'intérieur, c'est comme ça qu'il est au top. Son goût est indéfinissable car unique même si la texture et la saveur rappellent un peu la datte.

- A droite, il a séché (en principe sur des claies au soleil) et sera employé pour préparer un thé médicinal :
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Dans l'eau bouillante, les jujubes se réhydratent lentement. Bu le soir, ce faux thé offrira une nuit des plus paisibles et le matin à jeun, il débarrassera l'organisme de ses toxines.

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Ici, u
n jujube frais, tranché et dénoyauté pour que l'on voit bien l'intérieur de ce fruit sauvage.

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A ce stade (un peu blets), c'est juste du bonheur ! Un cœur coulant dans une robe fine orange foncé et croquante qui éclate en bouche en faisant du bruit...

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Allez, j'en laisse sécher une poignée, pour le plaisir de les voir encore un peu en hiver...

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Mais la froidure n'est pas encore arrivée !

Demain, je retourne cueillir des jujubes, je vais revenir une fois de plus toute griffée par les épines acérées de l'arbre sous lequel je dois me faufiler mais cocagne, la joie que j'éprouve est incommensurable.
Et puis... je revois le regard bienveillant et malicieux de mon grand-père qui me tend un jujube comme un trésor souverain, j'entends son fort accent italien et sa voix rocailleuse qui me dit "Mange, petite, c'est rien que pour toi "....

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Cette note ayant été rédigée en plusieurs fois, je suis revenue entre temps sur "mon" lieu de cueillette un peu comme l'assassin revient sur le lieu de son crime ;)

Car même si l'endroit est abandonné, je voyais bien le toit d'une grande ferme non loin de là.
Où que l'on soit (disait mon grand-père) on est toujours chez quelqu'un !
J'éprouvais donc un certain malaise à me saisir d'un bien qui ne m'appartenait pas...
Après avoir rempli un ième panier, je me suis dirigée vers la ferme, cherchant à apaiser ma conscience.
Un homme âgé prenait le soleil devant la porte.

Sans la moindre crainte, il m'a offert de m'asseoir près de lui.
Je lui ai montré ma cueillette et raconté ma petite histoire...
Il a baissé la tête, est resté silencieux un long moment puis a lâché "Et si on se buvait un petit café ? "
Proposition acceptée avec joie !
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On a bien bavardé, il a passé un moment inattendu, et moi je me suis encore enrichie...
Avant que je ne prenne congé, le vieil homme m'a dit "Vous pouvez revenir quand bon vous semble et même ramasser tous les jujubes... mais je crois qu'ils ont le ver ! "
J'ai répondu "C'est pas grave Monsieur, au contraire c'est signe de naturel et comme ça je mange aussi des protéines !"

J'ai largement remercié le grand-père et en partant, on s'est embrassé mais il n'allait pas me lâcher si facilement !
En m'emboîtant le pas, on a traversé son potager. C'est très émouvant le potager d'un papet.

Sans rien dire, il a ramassé les dernières tomates, puis a sorti un Opinel de sa poche pour couper une courge muscade et m'a offert le tout.
J'en aurais pleuré... Allez, encore un gros bisous et on s'est dit "A la prochaine !"