02/07/2016
La myrtille sauvage : Classée super-aliment, super anti-âge
On parle bien de la myrtille SAUVAGE (Vaccinium myrtillus), la cultivée est beaucoup moins intéressante du point de vue phytothérapeutique et gustatif.
Flash-back : Aller cueillir la myrtille en Ardèche aura été un de mes premiers jobs à but de financer le permis de conduire... aura été aussi l'origine de mon premier lumbago !
Regardez la posture qu'il faut tenir pour atteindre des baies qui ne s'élèvent qu'à 50 cm du sol :
On finit généralement sur les genoux, au sens propre comme au figuré !
L'outil que tient en main ce cueilleur est un PEIGNE à myrtilles :
Les myrtilles sauvages poussent en terrains acides (Isère, Ardèche, Ardennes, Bretagne) en contrebas des forêts où les pluies font descendre le riche humus des sous-bois.
Suite à dévastations par des humains épris de profit, la plupart des régions limitent les récoltes à 1 kg par cueilleur et par jour.
Suivant la zone géographique, la myrtille est mûre (donc bleu foncé) entre mi-juillet et fin août.
Après la cueillette (qui tache affreusement les vêtements et la peau), il faut étaler les baies puis retirer les indésirables, les petites feuilles et les bouts de bois. Rinçage obligatoire ensuite pour dépoussiérer.
L'ensemble de ce travail entièrement manuel et artisanal réclame beaucoup de temps et... de douleurs lombaires, ce qui justifie un prix moyen de 75 € le kilo !
Donc, les myrtilles cultivées (en arbustes faciles d'accès) ne devraient pas coûter aussi cher mais les marchands -qui importent généralement les baies de Finlande- profitent de la méconnaissance du client... et vendent au supermarché la barquette de 125 g au prix du pétrole.
Le goût de ces myrtilles-là n'a absolument rien à voir avec celui de la sauvageonne bien plus sucré, plus puissant et comparable à l'éclatement en bouche d'un grain de raisin muscat noir au cœur de cassis...
À NOTER :
- La myrtille ayant le pouvoir de stopper la lactation, les femmes qui allaitent doivent s'abstenir d'en consommer.
- Fraîche, la myrtille est légèrement laxative mais sèche elle produit l'effet inverse.
Jus de myrtilles sauvages
BÉNÉFICES THÉRAPEUTIQUES : Une alliée majeure contre le vieillissement des tissus :
Les myrtilles renferment des anthocyanes (puissants antioxydants) qui protègent la peau, le cœur, soignent l'insuffisance veineuse, les maladies dégénératives du système nerveux dont la mémoire.
Les anthocyanes rétablissent l'équilibre digestif, sont des anti-inflammatoires naturels au point de devenir une alternative aux antibiotiques.
La myrtille chasse les miasmes responsables des infections urinaires et s'avère particulièrement efficace contre l'Escherichia coli qui migre volontiers de l'intestin vers la vessie chez les femmes.
Elle soulage aussi les maux de gorge, les gencives irritées ainsi que les aphtes.
Mais la myrtille est surtout connue pour protéger et réparer les tissus de nos yeux (dégénérescence maculaire, glaucome, cataracte, effets nocifs de la "lumière bleue" de tous nos écrans).
Pendant la seconde guerre mondiale, les aviateurs de la Royal Air Force consommaient de la gelée de myrtilles afin d'améliorer leur vision nocturne.
Au sol, le jus de myrtille évite en plus les éblouissements.
UN ANTI-CANCER DÉMONTRÉ EN LABORATOIRE : Lorsque nous consommons 100 g de myrtilles, notre organisme absorbe entre 300 et 700 mg d'anthocyanes. Des tests in vitro et in vivo ont montré que ces anthocyanes sont capables de déclencher l'apoptose (mort cellulaire) des cellules cancéreuses et de réduire les risques de métastases en diminuant leur prolifération.
Myrtilles séchées (document du site "l'île aux épices")
SOUS QUELLE FORME SE PROCURER DES MYRTILLES SAUVAGES ?
-- Fraîches : En magasins Bio de juillet à fin août, sur certains marchés (bien voir si il s'agit de baies sauvages).
-- Séchées (à réhydrater comme des champignons dans un peu d'eau tiède) : En magasins Bio toute l'année et sur des sites sérieux annonçant clairement l'origine des produits.
-- En jus : Boutiques Bio mais compter environ 7 € les 30 cl.....
-- En poudre (image ci-dessus) : En magasins Bio, herboristeries, certaines pharmacies. La poudre est fort intéressante car d'utilisation facile et délicieuse, elle aromatise un yaourt quotidien.
EN DÉCOCTION :
1 càs de baies sèches (réhydratées auparavant) ou fraîches et écrasées, pour une tasse d'eau. On laisse "crever" les baies dans l'eau frémissante jusqu'à ce qu'elle se colore en rouge cramoisi. Repos 10' feu coupé sans couvercle. On filtrera... ou pas, si on veut manger les baies !
LE PRIX D'UNE SAUVAGE QUI SOIGNE :
Comme déjà noté plus haut, la myrtille se mérite car son prix au kilo (fraîches, sèches, en poudre) tourne autour de 75 €, soit en moyenne 7 à 8 € les 100 g.
Afin de faciliter les traitements sans passer par la gastronomie ;-) des gélules (concentrés de myrtilles) ont été élaborées par les laboratoires phyto ; attention là encore que l'origine FRANCE soit bien indiquée sur le flacon ainsi que la mention "sauvages" incontournable, la baie cultivée étant moins vertueuse.
IL Y A MYRTILLE ET MYRTILLE !
Au Canada et aux USA, on trouve une cousine nommée "BLEUET". Il s'agit d'une espèce nettement moins intéressante à tous niveaux : Au goût, la ressemblance est lointaine, le "bleuet" est plus acide, moins sucré mais c'est surtout sa teneur en anthocyanes qui est faible. On réservera cette jolie parente pour la cuisine, pour fabriquer de superbes glaçons ou des coulis violines très appétissants !
Si par chance vous ramenez des myrtilles de vos vacances, c'est en confiture et en gelée que vous les conserverez le mieux et pour le plus grand bonheur des gourmands au petit déjeuner !
La barquette du supermarché est trop tentante ? Les baies sont finlandaises, elles n'auront aucun effet bénéfique sur la santé, mais....
... elles pourraient bien donner ce genre de tarte finition crumble meringué... une pure tuerie !
Le secret de la tarte aux fruits en crumble meringué (secret arraché sans aucune torture au pâtissier ardéchois que j'embrasse encore !) :
Cuire normalement la tarte garnie. Préparer le "sable" à crumble. Monter un blanc d’œuf en neige. Dans un saladier (attention faire ça au dernier moment, soit juste avant la fin de cuisson de la tarte), mélanger le crumble et la neige.
Ne pas se servir d'une poche à douilles, le mélange étant trop compact mais en remplir un petit sachet congélation.
Sortir la tarte du four, couper un coin du sachet, étaler la meringue-crumble en rond sur la surface, puis ré-enfourner encore 10' à thermostat 140/150°.
Si vous trouvez une petite barquette de vraies myrtilles sauvages, il y en aura peu, alors régalez-vous de simples muffins... histoire d'allier le soin et la gourmandise, au moins, cette fois, on a un excellent prétexte !
18:45 Publié dans Fruits divers, Je cueille, Shopping | Lien permanent | Commentaires (11)
16/06/2016
L'huile de millepertuis...
... c'est comme les petits pois, faut toujours en avoir chez soi et... ça ne se boit pas ;-)
Un nom = Une raison.
HYPERICUM PERFORATUM (nom botanique du millepertuis).
- HYPERICUM parce que son principal composant (rouge) est l'Hypéricine.
- PERFORATUM parce que sa feuille est entièrement perforée.
- Elle est perforée de nombreux "PERTUIS", ce mot de vieux Français désigne un passage étroit, un trou, ce qui donne en langage courant "millepertuis".
- Ses appellations populaires sont : Herbe de la Saint-Jean et de la Saint-Éloi, Chasse-Diable ou Baume du Chevalier (l'histoire rapporte que les soldats écrasaient des fleurs de millepertuis sur leurs blessures afin qu'elles cicatrisent vite et sans infection).
Ça c'est fait !
L'Hypéricine se dépose facilement sur la peau si on écrase une fleur ; cette substance colorante est reconnue médicinale sans le moindre conteste. Nous verrons ses effets en détail un peu plus loin.
D'abord, et maintenant que les présentations sont faites, partons à la cueillette !
Le millepertuis sauvage occupe toutes les zones de notre continent (mais il prospère aussi en Asie, Amérique, Afrique) et préfère les bords de chemins secs et ensoleillés, les monticules calcaires, les lisières... il n'aime ni l'ombre ni l'humidité, il ne se cache jamais malgré sa taille très moyenne d'une soixantaine de centimètres.
Le millepertuis croît en isolé mais le plus souvent en touffe. Facile à reconnaître, aucune plante ne lui ressemble.
Si toutefois vous aviez le moindre doute, coupez une feuille (la plus grande possible)....
... et placez-la face au soleil comme ci-dessus, la multitude de petits trous confirmera que vous avez bien trouvé du millepertuis !
Pas la peine de détacher les sommités florales sur place. Il suffit de couper les tiges et d'emporter un gros bouquet, cette taille n'endommage en rien la vie des plantes.
Malgré tout, veiller à ne pas les déraciner.
Et bien entendu, il existe un millepertuis cultivé (assez envahissant en sa qualité de couvre-sol), ses fleurs sont 3 fois plus grosses, les pétales plus oblongs mais la plus haute qualité médicinale est apportée par le millepertuis sauvage.
Une fois à la maison, on coupe les fleurs aux ciseaux. Il est inutile de dépiauter les pétales, les corolles vertes possédant les mêmes propriétés.
On remplira de fleurs un ou plusieurs bocaux sans oublier de bien les tasser puis on les couvre d'huile, si possible d'olive mais toute huile neutre de bonne qualité conviendra.
Les puristes emploient de l'huile d'amande douce, de l'huile d'argan ou de jojoba... perso j'ai pas les moyens, ce sera de l'huile d'olive !
Étape suivante, il nous faut du soleil, c'est lui qui fera l'infusion !
Donc, on détermine chez soi le point qui reçoit le plus d'ensoleillement : Rebord de balcon ou de fenêtre exposée au Sud, table de terrasse, muret... peu importe mais si vous prévoyez de placer votre bocal au jardin, attention aux chats qui cavalcadent et qui pourraient le faire tomber ! (je parle d'expérience ^_^)
L'huile ci-dessus a bénéficié de 20 jours d'ensoleillement. On voit que le liquide a commencé à capturer l'hypéricine en lui volant sa belle couleur.
Combien de temps laisser le bocal au soleil ? Ce sera variable avec la météo !
Disons ceci : Tant que l'huile n'est pas couleur pourpre très foncé, elle reste au soleil, son couvercle toujours bien fermé.
Sur cette photo, il y a 8 jours de décalage (seconde cueillette) entre les deux bocaux, le premier exposé étant celui de droite.
Prévoir plusieurs petits contenants.
Lorsque la couleur rouge est stabilisée, l'huile est filtrée (elle a un petit parfum agréable et caractéristique) puis mise en flacons À STOCKER HORS LUMIERE ET AU FRAIS MAIS PAS AU FROID, une salle de bains est parfaite pour cela et même une armoire à pharmacie où notre huile trouvera parfaitement sa place.
NOTA : S'il vous est impossible d'aller cueillir le millepertuis avant début juillet et que ses propriétés vous intéressent, la tentation d'acheter une huile toute prête s'emparera de vous !
Attention aux contrefaçons extrêmement répandues !!! Des gros malins colorent de l'huile merdique avec de la poudre de ROUCOU qui va très bien dans les tubes de rouges à lèvres mais qui n'a aucune qualité thérapeutique.
Donc prudence, voir en magasin bio digne de ce nom et bien lire les étiquettes !
L'HUILE DE MILLEPERTUIS CONTRE LES TRAUMATISMES :
Masser les zones nerveuses douloureuses jusqu'à pénétration complète de l'huile :
- Sciatique (tout le long du nerf en partant de la fesse et en descendant vers le talon)
- Zonas (idem, sur toute la zone inflammatoire)
- Coups, bleus, bosses
- Douleurs des ligaments
L'HUILE DE MILLEPERTUIS POUR SOIGNER CERTAINES ATTEINTES CUTANÉES :
- Coup de soleil (attention, cette huile "artisanale" est photosensible : Ne jamais l'utiliser comme protection solaire, la peau resterait tachée à tout jamais ! À n'employer que sur le corps (pas sur le visage) et ne pas rester au soleil après traitement sans avoir pu prendre une douche soigneuse au préalable.
- Eczéma
- Psoriasis
- Brûlures (intervenir immédiatement si possible, il n'y aura ni cloque ni douleur)
- Plaies ayant du mal à cicatriser (griffures de chat, coupures)
- Vergetures et varices
- Ampoules créées par des frottements (sport, chaussures...)
CONTRE INDICATION : Femmes enceintes ou allaitantes.
Resterait à clore le chapitre soins en décrivant les effets très positifs du millepertuis (fleurs séchées) sur la dépression, la mélancolie et l'anxiété.
Je ne me hasarderai jamais dans un domaine aussi délicat car le dosage des tisanes s'avère compliqué.
Il vaut mieux -dans ce cas- faire confiance à son pharmacien ou à son médecin, ne pas prendre de tisane, de comprimés ou de gélules de millepertuis sans avis médical. Les interactions avec d'autres médicaments sont nombreuses et dangereuses.
Par contre, si comme moi vous êtes assez nunuche pour sortir le plat du four à main nue sans prendre le temps d'enfiler une manique, l'huile de millepertuis est faite pour vous !!!
04:17 Publié dans Aux petits soins, Huiles, Je cueille, Millepertuis | Lien permanent | Commentaires (19)
29/04/2016
Tisane de fleurs de pommier
Le plus difficile dans notre délicieuse affaire, sera de trouver un pommier sauvage, ou un pommier exempt de tout traitement chimique... Nos normandes auront un sacré avantage sur les autres !
Nous allons préparer une tisane exquise, un peu vieillotte et complètement tombée en désuétude alors qu'elle faisait partie de la cosmétique de nos coquettes aïeules.
En effet, pour avoir un teint de pêche... il faut boire la fleur du pommier !! Elle éclaircit le teint, l'unifie et affine le grain de peau.
À réserver précieusement pour l'employer après un traitement antibiotique, lors d'une réaction cutanée allergique et même un vilain coup de soleil.
Une fois déniché l'arbre magique, n'ayez aucun scrupule à lui ôter fleurs blanches et boutons roses !
Bien au contraire, il sera soulagé de quelques futurs fruits, toujours trop serrés qu'il faudrait donc "éclaircir" pour leur permettre une meilleure croissance.
En pinçant la base des fleurs, on emporte inévitablement une corole grise veloutée et même quelques petites feuilles. Gardez tout, ne triez pas, le "vert" de l'arbre ayant les mêmes propriétés que ses fleurs.
Comme il se doit, on étalera notre cueillette sur un plateau rangé à l'ombre.
On peut utiliser les fleurs fraîches pour préparer une infusion mais c'est une fois séchées qu'elles donnent au liquide un adorable parfum de rosée matinale, un goût de pureté tout en délicatesse...
Plus haut, je parlais de l'efficacité des fleurs de pommier sur la carnation. Mais ce n'est pas leur unique vertu car elles sont :
-- Hautement diurétiques et détoxifiantes.
-- Aptes à faire baisser la tension artérielle.
-- Capables d'enrayer un mal de gorge ou une toux rebelle.
Le séchage se fait assez rapidement si l'on prend soin de retourner les fleurs chaque jour en les brassant.
Certes, elles sont moins pimpantes que fraîches mais bien plus faciles à conserver dans un bocal transparent ou un sachet en papier !
Et voilà ! On s'assied calmement pour déguster une tisane virginale à peine colorée.
C'est pour faire joli que j'ai laissé les fleurs dans la tasse, hein, en temps normal, il faudra filtrer !
Le dosage sera approximativement d'une cuillère à soupe de fleurs pour une tasse.
C'est un doux moment, mes ami(e)s, un très doux moment que ce moment-là...
03:49 Publié dans Aux petits soins, Fleurs, Je cueille, Pommes, Recettes de Tisanes | Lien permanent | Commentaires (24)