30/03/2018
Salade orgasmique !
Bien le bonjour la famille !
La dernière fois que j'ai vibré grave pour une assiette, c'était lors de la découverte du paprika fumé et ça fait un bail !
Hier, j'emprunte une sortie du village vers le Val Borgne ; alors non, le Val en question n'est ni obscur ni tronqué et encore moins peuplé de pirates égarés mais simplement traversé par une rivière sournoise qui se nomme La Borgne ^^.
Voilà cette vallée, hélas par temps très couvert.
Quelques cyclistes chevronnés se risquent là par défi car si le premier col tout proche ne culmine qu'à 833 mètres, son ascension est impitoyable.
A pieds, en marchant doucement et en m'arrêtant souvent pour observer, cueillir et photographier, je ne sens pas la prise d'altitude mais je vois les sportifs "tirer la langue"...
Pissenlits, mâche, silène enflée (diablerie que cette salade veloutée est bonne)... le panier se remplit, ce qui n'empêche pas d'admirer le paysage, les cascades ainsi que ce curieux rocher en à-pic (photo ci-dessus) qui a été diamanté de bulbes de jonquilles par un alpiniste jardinier ou quelque amoureux fou de la varappe et des fleurs jaunes ! Belle idée.
Considérant qu'il est l'heure de faire le chemin à l'envers, je prévois une halte chez mon boucher préféré afin de me la jouer "grand chef" avec les lardons de ma future salade...
- Bonjour ! Je voudrai une tranche de poitrine fumée s'il vous plaît !
- 100 grammes ça vous suffit ? Je vous la coupe en lardons ? (comment il a deviné ? Je suis en osmose avec ce boucher ;-)
- Ah si c'est pas plus cher, je veux bien, oui merci !
- Je laisse la couenne exprès, hein, elle deviendra croustillante parce qu'elle est fine mais surtout, c'est elle qui donne le plus de goût.
- C'est parfait, com' d'hab !
Coupe impeccable (moi j'aurais fait un massacre), prix idem : 1,20 €
Ça fait simplement plaisir d'acheter des VRAIS lardons : Pas de trempette en saumure sous blister hermétique, pas de gras majoritaire (ils sont bruns, pas blancs) et ils sentent bigrement bon !
Dans la même grande poêle seront dorés quelques croûtons de pain avec les lardons qui n'ont pas rendu de flotte ni perdu les 3/4 de leur volume.
Les croûtons ont été frottés d'ail. Le plus long étant de "trier" les salades et de les nettoyer mais la récompense est à la clef...
Ahhhhhhhhhhhhhhhhhh.................. Mazette ! Quel panard !
Divine assiette à 1,20 € et encore une fois (d'accord j'ai mangé le contenu entier du saladier :-) je n'avais plus faim pour autre chose...
Vous savez ce qui me ferait un immense plaisir ? ESSAYEZ AU MOINS UNE FOIS !
Au lieu de la barquette de lardons du supermarché, achetez-les en boucherie, vous mangerez beaucoup moins de gras et zéro conservateur, vous savourerez une vraie différence, que ce soit dans une quiche lorraine ou dans une scarole, une frisée.. peu importe, je vous promets que c'est autrement excellent.
J'aimerai assez qu'on en reparle...
C'est un petit détail qui pourrait bien rendre votre journée plus belle !
09:43 Publié dans Je cueille, Petite Cuisine | Lien permanent | Commentaires (28)
28/03/2018
La Nature : Un garde-manger
Vous savez qu'il existe quelques lieux dans ce monde où sont entreposées et surveillées toutes les espèces végétales cultivées comestibles. Ce sont des bunkers gigantesques et discrets qui les sauvegardent en cas de guerres chimiques ou atomiques.
On peut saluer cette forme d'entente cordiale internationale pour une fois intelligente, pacifique et apolitique.
En Sibérie et au Costa-Rica sont rassemblées les semences de tous les légumes.
En Corse, un conservatoire regroupe les agrumes du monde entier.
En divers points du globe (toujours volontairement très éloignés les uns des autres) ce sont des arboretum qui se tiennent prêts à repeupler les forêts...
J'ai donc envie de dire que la Nature (celle qui constitue notre environnement proche) est aussi un sanctuaire, un conservatoire essentiel.
Car... tous nos fruits et légumes ont une origine sauvage, même s'il faut changer de latitude pour trouver la tomate en son état originel !
Si le cœur vous en dit, je vous emmène en cueillette gourmande et gratuite...
Accueil rafraîchissant en sortie de village : La première cascade.
Pourquoi une CASCADE produit-elle autant d'effet sur les humains ?
- Son nom d'abord est agréable à prononcer, il est presque une onomatopée tant il est sonore.
- Sa vue a quelque chose de magique et de puissant. Notre esprit imagine le parcours souterrain de l'eau qui se purifie sur son trajet tortueux pour ressurgir comme ça, brutalement sous notre nez, à croire qu'elle n'en pouvait plus de sa vie secrète et obscure !
- Son bruit parfois assourdissant se révèle aussi apaisant.
- Ce qu'elle représente nous rassure : Bêtes et hommes ont là de quoi boire, ce qui est essentiel à la vie.
- Les gourmands du végétal apprécient d'y trouver des espèces uniques, comme certaines fougères dont les crosses sont comestibles simplement sautées au beurre, des lichens et des mousses comestibles rares.
Ainsi, nous marquons tous le pas devant une cascade....
Le printemps chasse l'hiver...
Ma promenade a pour but de trouver (au moins) de la mâche sauvage au goût à la fois puissant et doux, proche du cresson. La neige est à peine fondue mais je sais que je vais en trouver.
La "doucette" est une emmerdeuse ! Elle aime recevoir un ensoleillement oui, mais pas plus de 3 heures par jour (sinon elle vire au jaune), si possible le matin (donc pas trop fort).
Elle aime avoir les pieds au frais mais ne veut surtout pas stagner dans l'eau ! C'est pourquoi elle adore pousser sur les vieux murs poreux et sur les pentes de terre sablonneuses orientées à l'Est.
Les bords de routes des Cévennes sont protégés des chutes de pierres et de neige par d'anciens murs solides ; sur ces murailles, je cueillerai ma salade chérie avec un sentiment de zéro risque au niveau des urines animales : les bêtes (y compris les campagnols, mais pas le dahu :-) ne font pas pipi en équilibre !
Bien entendu, on pourra aussi cueillir la mâche dans les prés humides et pentus en prenant soin d'éviter les lieux souillés par la pollution canine ou les déjections des troupeaux, et ceci partout en Europe.
Alors oui, les rosettes de mâche sont petites et je m'en contrefiche car elles seront délicieuses !!
PETITE RÉFLEXION AU SUJET DES DÉJECTIONS ANIMALES :
Je ne fais que reporter (et suivre) les consignes de sécurité que diffuse chaque ouvrage botanique en matière de cueillette mais.... n'y aurait-il pas là un certain paradoxe ?
En effet, si un troupeau est passé sur un champ, nous nous gardons d'y ramasser des salades.
Pourtant, lorsque le jardinier (amateur ou professionnel) souhaite enrichir sa terre afin que sa récolte soit plus conséquente, il l'amende bien avec du fumier de mouton, d'âne ou de cheval, non ?
Les trois étant rassemblés dans des sacs vendus en jardinerie, non sans attribuer la palme d'or au fumier d'âne !
Et nous, pauvres cueilleurs, nous devrions laisser sur place les magnifiques pissenlits qui poussent sur les crottes de biques ? Tsssss...
… Continuons la balade.....
Juste à côté de la cascade, un jeune houx a décidé de pousser là !
Encore un capricieux aux mœurs sexuelles déroutantes : Il n'arborera ses belles boules rouges que sous certaines conditions matrimoniales ^^.
J'adore rencontrer le houx pour admirer la découpe originale de son feuillage lumineux qui semble verni de frais.
C'est toujours un grand moment... surtout face à des houx gigantesques, presque noirs et impressionnants.
Ah te voilà Monsieur Pissenlit !! ENFIN !
Il se torture pour émerger d'un amas de feuilles mortes, certes, mais au moins il est visible et si jeune, si clair, il sera un bonheur de tendreté à déguster en compagnie de quelques croûtons frottés d'ail.
Là encore, je suis prudente quant aux lieux de récolte : Toujours à l'abri des urines animales (parfois porteuses de l'échinococcose, non signalée dans le Sud mais on reste vigilant). Le pissenlit aime aussi les verticales, je le cueillerai donc hors de tout risque.
Stop, stop, stop !! L'ail des ours se présente en tapis denses à flanc de rivière mais plutôt en bordure d'un bras d'eau calme comme on en trouve avant et après les larges cascades (photo ci-dessus).
Il ne vit que brièvement en mars/avril, le temps de fleurir et de répandre ses graines, donc si on en trouve il faut le ramasser sans attendre mais toujours en prenant soin de laisser quantité de plants utiles à la survie de l'espèce.
J'y reviendrai quand il sera en fleurs, ses ombelles blanches donnant de superbes bouquets
.
!!!!! Attention à ne pas le confondre avec le muguet (toxique) dont les larges feuilles sont assez ressemblantes.
Mais la confusion sera vite évacuée en froissant une feuille : Une forte odeur d'ail pénètre les narines, pas de doute possible car la feuille de muguet est inodore !
Et pourquoi ce nom ?
Parce que les ours sortis d'un long hivernage recherchent -avant toute autre nourriture- cette plante médicinale internationale qui sera leur dépuratif et ordonnera la "remise en route" du système digestif et immunitaire tout en donnant un "coup de fouet" aux ours grâce à la forte teneur en vitamine C de toute la plante (feuilles et fleurs).
Chez l'humain, l'ail des ours tout aussi bénéfique sera ciselé dans les salades en remplacement de la gousse d'ail ; on ne perd pas au change car il est digeste, plus fin et plus discret.
J'en fais un "fromage végétalisé" à tartiner, excellent sur du pain de campagne ! :
>> Cueillir 20 feuilles d'ail des ours, les hacher au couteau (pas de robot qui les "cuirait") en y mêlant 4 ou 5 feuilles de menthe fraîche ou de mélisse (en l'occurrence, j'ai mis 2 feuilles de menthe et 2 de mélisse).
On ajoute une giclée d'huile d'olive + un peu de sel puis on amalgame le tout en y écrasant un fromage de chèvre frais. Ne pas oublier de poivrer au moulin.
Ça, c'est du bonheur à l'état pur ! La saveur de l'ail est présente sans dominer celle du fromage, il y a de la douceur, de la chlorophylle, de la finesse et une grande digestibilité.
Il est difficile de hacher l'ail des ours menu-menu car la feuille est extrêmement fine, presque transparente (plus fine qu'une feuille de laitue) mais même avec un hachis grossier il n'y a aucune gêne en bouche, sa texture se fondant à celle du fromage.
........................................
Armoise (ou vilaine Artémise ;-)
En voilà une belle saloperie au redoutable parfum camphré !! Plante classée à la fois toxique et... médicinale ^^
Et oui, ça existe...
De la même famille que l'absinthe et l'estragon, son pouvoir stomachique et emménagogue sera vite provocateur d’épilepsie et allergisant si on dépasse la dose ! Donc, on l'oublie... mais pas les cultivateurs car sa cruauté en fait une plante assassine qui étouffe toutes les bonnes herbes et les anéantit ; du coup, forte de son pouvoir maléfique et hautement traçant, elle envahit les cultures et aucun herbicide n'en vient jamais à bout... Attila, si tu me lis, reviens !!
Même les moutons ne veulent pas brouter l'armoise, c'est dire !
Par contre, en placer des brassées dans les litières évite aux animaux (tous) d'avoir des puces et autres parasites.
En Aubrac, on cuisine toujours le "rôti de veau à l'armoise" parfumé par un petit bouquet de jeunes feuilles qui lui confèrent une léger parfum anisé.
Notre premier botaniste -Pline- décrétait ceci : "Ceux qui portent un brin d'armoise sur eux n'ont à craindre ni les poisons, ni les bêtes venimeuses, ni le feu, ni le tonnerre".
Quelques feuilles glissées dans les chaussures de randonnée évitent crampes, douleurs et inflammations. D'ailleurs, Napoléon obligeait ses soldats à s'en faire des semelles.
En Chine, on embrase toujours des petits rouleaux d'armoise séchée pour chauffer les points d'acupuncture.
L'armoise est un paradoxe végétal : Cruelle et purificatrice, empoisonneuse et anti-poison....
Le nombril de Vénus
Salade qui n'a pas l'air d'une salade ! Amoureuse inséparable des vieux murs moussus, elle aime la pierre car elle y fourre ses longues racines qui ont besoin de fraîcheur permanente, c'est une question de survie.
Croquante et juteuse, c'est un peu ma chouchoute car servie à l'apéro avec une noisette de tapenade noire ou d’œufs de lump dans son petit creux, on offre du beau, du bluffant et du bon naturel !
Et là encore, il n'y a aucune pollution sur les vieilles pierres, surtout à plus d'un mètre de hauteur !
Si on ne veut pas le servir en isolé, le nombril de Vénus apportera sa touche originale et sa rondeur dans une salade où se mélangeront d'autres sauvageonnes :
.... Continuons...
L'ortie
Je note les lieux précis où pousse l'ortie (toujours hors pollution) de manière à y retourner en toutes saisons, que ce soit pour les tisanes, les soupes ou les garnissages de tartes et lasagnes.
J'ai même adopté une habitude : Celle de marquer "mon territoire", non pas en urinant tout autour (lol) mais en y plantant un bâton au bout duquel j'enfonce une canette en alu (véritable clignotant sous le soleil), cannettes hélas répandues le long des routes sur tout le territoire...
Ainsi, même lorsque les herbes hautes envahiront la place, je retrouverai mes orties.
Si on peut la récolter en début de croissance, elle donnera le meilleur de ses vertus. Sinon, toujours cueillir les nouvelles feuilles du haut de la tige, les plus anciennes étant amères et moins chargées de principes actifs.
Il faut éviter de conserver les tiges qui sont extrêmement fibreuses (elles servaient autrefois à la confection de textiles rigides) ; pour preuve, si vous mixez la soupe avec les tiges, elles iront s'enrouler autour de l'axe du plongeur et y formeront une pelote bien difficile à détortiller ;-)
Ma technique de cueillette : Un gant ultra léger (fauché à la station service), une paire de ciseaux et un sac receveur.
On coupe une sommité d'ortie que l'on fait tomber directement dans le sac sans qu'on ait besoin de la toucher. Il suffira de renverser le sac dans la soupe.
>> Compter une petite patate par personne, tranchée en fines lamelles (= cuisson brève) plongées dans l'eau salée et poivrée, agrémentée -si vous y tenez- d'1/2 tablette de bouillon.
Laisser bouillir quelques minutes, tester avec la pointe d'un couteau : Dès que la pomme de terre est tendre, vider le sac d'orties dans la soupe (une grosse poignée par personne), attendre la reprise de l'ébullition, couper le feu, couvrir et laisser ainsi quelques minutes puis mixer le tout, ajouter (ou non) un chouia de crème fraîche.
Grâce à la cuisson courte, la saveur et les vertus de l'ortie sont quasi intactes : Douce, parfumée, très goûteuse mais aussi riche en vitamines A et C, en PROTÉINES (l'ortie est le végétal qui en contient le plus), en principes dépuratifs appréciables en fin d'hiver, composants qui nettoient aussi bien les organes de la digestion que l'épiderme et le cuir chevelu... Une mine de bienfaits !
NOTA : La soupe froide d'orties, en été, sera un régal rafraîchissant si on lui ajoute quelques feuilles de menthe.
Les violettes
J'en ai fait souvent tout un plat... Cristallisées, confiturées, inclues dans les salades... Pour l'instant je n'ai trouvé que celles-ci, peu parfumées, donc je les laisse en place mais c'est toujours un ravissement de surprendre leur tapis mauve.
Les légumes racines
Lors des balades printanières il est aisé de repérer (et marquer) les lieux où poussent et fleurissent les salsifis, panais, carottes, topinambours et autres légumes sauvages que l'on arrachera à l'automne et dont la plante défraîchie ne sera plus identifiable.
Pour les châtaigniers, aucun problème, il y en a partout ! Si je ne manque pas de courage (c'est un travail d'épluchage démentiel), je ferais à l'automne une crème de marrons chocolatée et vanillée.
Vivement le mois de mai pour les cueillettes de poireaux et de fraises des bois, juin pour les framboises et groseilles sauvages...
Le reste de l'année, j'ai mes "coins" à girolles et cèpes car une grosse averse + 2 jours de chaleur = poussée de champignons en n'importe quelle saison !!
Le Parc Régional des Cévennes (classé patrimoine national par l'UNESCO) a dû imposer une réglementation quant aux cueillettes de Gentiane et d'Arnica afin de protéger ces espèces ; nous aurons droit à 2 tiges par habitant et encore... sur présentation d'une attestation de domicile. Mais je suis d'accord à 100 pour 100 !
La récolte de Cèpes s'en trouve aussi réduite à 2 kg par habitant et par jour, et je serais ravie de ne plus voir partir des remorques entières chargées de tonnes de champignons, ravie de ne plus voir les saccages opérés par les vandales à but de commerce.
Ainsi, la connerie humaine (celle qui fait dévaster les prés et les forêts) engendre de l'emploi : Nous avons désormais des « vigiles des bois »....
10:21 Publié dans Je cueille, Petite Cuisine | Lien permanent | Commentaires (31)
23/03/2018
Et si la "nouvelle cuisine" n'était qu'un cache-misère ?
Gaffe, j'ai été en manque, y a du taff ^^ !
Je bénéficie désormais d'un squat informatique chez un particulier, ainsi il me sera possible de poster mes notes préparées à l'avance sur un logiciel.
Cette opportunité m'est offerte le matin seulement mais c'est déjà énorme, même si je ne pourrai jamais répondre immédiatement à vos commentaires... ce sera le lendemain.
Ma ligne téléphonique doit être reconstruite entièrement, donc aucun espoir d'avoir Internet chez moi avant la première semaine d'avril...
Ravie de vous retrouver !!!
Nous voyons et nous testons quantité de recettes alambiquées composées d'ingrédients "détournés", de techniques nécessitant un matériel innovant, d'associations surprenantes avec l'emploi d'épices et d'aromatiques rares.
Les chefs médiatiques étonnent avec -entre autres- des fruits peu connus pour les monter au pinacle et si nous n'achetons pas très vite du Yuzu (image ci-dessus), nous sommes les derniers des abrutis !
On actualise, on revisite à tours de bras les recettes traditionnelles, on ne mange plus à table mais debout en marchant ou haut perché sur un siège de comptoir (attitude qui compromet gravement la digestion et ne représente pas une parenthèse anti-stress)....
Plus on avance dans le temps et plus on nous culpabilise de ne pas posséder des ustensiles "high tech" car le but avoué est là :
Faire rapide, goûteux et original, il faut CHANGER, il faut surprendre !!
Mais au final, nous mangeons quoi ?
Quand je dis "manger", je parle de calories utiles et de nutriments essentiels au bon fonctionnement de nos organes et de nos muscles, à la robustesse de nos os, au rechargement en bonnes bactéries afin que notre système digestif soit sain et efficace et bien sûr, calories utiles à une sensation indispensable qui chasse l'idée même du grignotage : LA SATIÉTÉ.
Et -nous le savons tous- satiété n'est pas synonyme de volume ingéré mais de valeurs nutritionnelles !!!
Ma question à tiroirs est la suivante :
Est-ce que la "nouvelle cuisine" n'a pas été créée pour nous enfumer ? Pour cacher le peu de valeur nutritive des ingrédients actuels ? Ne serait-elle pas de la poudre aux yeux ? Est-ce que ce déploiement de créativité ne vient pas dans nos assiettes pour masquer LE VIDE CRUEL DES ALIMENTS ?
Partons sur 4 exemples simplistes : Le pain, le saucisson, les œufs, la salade.
LE PAIN
Il demeure (toutes générations confondues) la base de l'alimentation française mais le boulanger aussi a dû évoluer, proposer différentes variétés de pains car emportée par le tsunami de la nouveauté, la clientèle s'est mise à mépriser le pain de base.
Travailler différentes farines, incorporer des graines qu'il faut torréfier avant usage.... tout cela entraîne un investissement de temps et d'argent >>> Nous venions de tracer une voie royale à la boulangerie industrielle !
Mais elle est née avec un lourd handicap : La baguette de pain ne devra jamais coûter trop cher parce qu' elle est un marqueur, une référence dans notre budget.
Alors comment offrir des variétés de pains appétissantes par leurs formes et leurs compositions en restant dans des prix "raisonnables" ?
Et bien tout simplement en employant des farines de qualités très inférieures souvent venues de pays étrangers.
Le pain industriel n'apporte à l'homme que des CALORIES VIDES, une satiété fugace due simplement au volume et non à ses valeurs nutritives.
De plus, ce pain aura levé grâce à force gaz carbonique (en lieu et place du levain), donc ne pas s'étonner de problèmes digestifs ni d'un déséquilibre acido-basique...
Décrié ou adulé, il faut au moins reconnaître à Jean-Pierre Coffe la paternité d'une loi implacable: SEUL UN BOULANGER QUI FAIT SON PAIN de A à Z a LE DROIT DE S'AFFICHER ARTISAN.
Alors cherchez les enseignes d'artisans boulangers (vrais boulangers donc).... il n'y a pas pléthore !! Dans certaines villes, il s'agit même d'une utopie, d'un rêve fou ou d'un vague souvenir...
Mon pain quotidien ;-)
Pour faire son beurre avec du blé, il n'y a pas 36 solutions : Soit travailler des farines de qualité en étant dans son laboratoire dès 2 heures du matin, soit utiliser de la merde qui contient un gaz pré-incorporé, du gras d'origine suspecte, des sucres artificiels, des agents de saveur et beaucoup de sel (donc des acides), ce qui coûte moitié prix et se façonne une heure avant l'ouverture du magasin.... quand les pâtons ne sont pas livrés surgelés prêts à cuire.
Ce qui revient à faire un choix entre passion honnête et profit.
Mais les anciens ne sont pas dupes.
Si en plus ces anciens sont d'origine paysanne, leur choix est vite fait : Dans mon village, un vrai boulanger s'est installé à 10 mètres d'un boulanger bidon ; il y a la queue devant la porte du premier.
Le second a dû revoir sa position et propose désormais des produits d'épicerie qui dépannent bien les habitants.
A l'usage, je fais un constat sur le vrai pain :
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1) Il est rassasiant sans en manger beaucoup, exemple au p'tit dèj : Deux tranches beurrées (grillées ou non) avalées sur les coups de 7 heures me "tiennent" jusqu'à midi sans jamais ressentir le besoin de manger avant le repas. Avec du pain industriel, une heure après ingestion j'aurais faim exactement comme en sortant de chez MacDo, les calories étant vides.
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2) Je le digère très bien, contrairement au pain industriel que je ne pouvais plus avaler sans remontées acides (désolée...).
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3) Il a une saveur incomparable qui transforme une nécessité (se nourrir) en un plaisir.
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4) Le vrai pain se conserve plusieurs jours sans faillir.
>>>> Du coup, je me demande si les enfants auraient vraiment besoin de céréales Kellogg's et de barres chocolatées s'ils pouvaient manger du vrai pain avant d'aller à l'école... Sans entrer dans la théorie du complot, n'y a-t-il pas là une forme de surconsommation programmée et imposée à grands coups de publicités mensongères ??
Le budget "petit déjeuner" consacré aux enfants est outrancier (si vous n'en n'avez plus à charge, regardez les prix des saloperies qu'on leur achète) : il pèse très lourd dans le caddie hebdomadaire.
Lourd aussi de conséquences santé car ils avalent du sel, des sucres et des graisses saturées, donc des calories vides nocives.
LE SAUCISSON
En photo : le saucisson local
Le produit réalisé dans les règles de l'art (de lard ? :-) contient bien sûr un peu de gras (celui du cochon, pas un assemblage de graisses non identifiées venues des pays de l'Est sous forme de blocs) mais surtout, il est composé d'un hachis de belles viandes souples de diverses parties de l'animal qui n'ont pas besoin d'une surcharge en graisses, en colorants, en agents de saveur et en sel pour faire du poids et des faux-semblants !
Parlons du prix au kilo.
Au kilo de POIDS NET DE PRODUIT SEC car au supermarché, les saucissons sont emballés dans des étuis gonflés d'air et de gaz conservateurs.
UN SAUCISSON ARTISANAL COÛTE À PEINE PLUS CHER QU'UNE PÂLE COPIE... et parfois MOINS CHER !!!
* Prix au kg d'un saucisson bas de gamme : 13 € (il y a encore moins cher en "premier prix", vous savez, ceux qui ont ont goût de savon très prononcé parce que leur teneur en potasse les trahit....
* Prix au kg d'un produit supérieur sous appellation de montagne, fabrication traditionnelle ou artisanale (sans la moindre preuve = allégations non vérifiables) : Entre 16 et 24 €
* Prix au kg chez un artisan charcutier : 20 € en moyenne
La première fois que je suis entrée chez le boucher charcutier du village... j'ai d'abord aperçu un beau gosse ultra mince ! Ensuite, j'ai balayé son étal d'un regard circulaire puis j'ai levé le museau vers les saucissons et jambons qui pendouillent au-dessus de la banque en marbre.
-- Vous auriez un saucisson pas trop gros et pas trop dur ?
-- La qualité, c'est pas votre truc Madame ?
-- Si bien sûr (rires) mais quand les molaires prennent du jeu, la dame devient prudente...
-- Tiens, touchez et sentez-moi ça ! C'est pas magnifique ? (Fier comme Artaban le gars qui me colle son sauciflard sous le pif !)
-- Absolument... Miam.... mais... ils sont tous aussi tordus ?
-- Chère nouvelle venue.... ici on fait avec ce qu'on a, c'est à dire des boyaux naturels et comme dans tout intestin, un boyau n'est jamais régulier, il fait des coudes, il montre des étranglements... vous comprenez ? Il ne s'agit pas d'un tuyau en plastique au diamètre équivalent d'un bout à l'autre...
(viendrais-je de me faire claquer le beignet ? Il se pourrait !)
C'est alors qu'une cliente très âgée intervient en me tenant gentiment le bras :
-- Vous pouvez acheter en toute confiance ici Madame, j'ai connu le père et même le grand-père, ils ont transmis leur passion et leur savoir-faire à notre boucher, on n'est jamais déçu.
-- Ok, alors donnez-moi un saucisson tordu mais pas trop dur s'il vous plaît !
Bon sang de bon sang... mais quel bonheur gustatif ! Et là encore, la charge en gras n'étant pas prépondérante, les qualités nutritionnelles sont présentes : Il s'agit de viande mûrie, inutile d'avaler le saucisson tout entier, 3 tranches suffisent pour être rassasié et.... avec du bon pain, voilà un simple repas de roi dont je me régale souvent et sans vergogne.
NOTA : On n'oublie pas que le saucisson (ainsi que toute charcuterie artisanale séchée) fait partie de la famille des produits lactofermentés, leur première étape ayant été un enveloppement sous le sel produisant l'acide lactique qui est un probiotique indispensable.
Diététique le saucisson ? Mais ouiiiiiiiii !
LES ŒUFS
Même si nous faisons l'effort financier d'acheter des œufs de plein air (ce qui est une belle arnaque puisque les poules se débrouillent seules et reçoivent le même complément alimentaire en grains que les poules de batterie), un œuf de ferme apporte LUI SEUL un vrai potentiel nutritif avec un taux de protéines égal à celui d'une viande de poids identique.
Si vous avez la curiosité de lire les études relatant la composition d'un œuf vendu en hyper, vous verrez que c'est un produit VIDE, il fera une omelette certes mais vous aurez faim une heure après ingestion...
Deux œufs fermiers aux jaunes fermes, larges et quasi oranges, mais c'est un super repas (avec du bon pain) !
LA SALADE
Tout contre la boucherie, se tient un magasin de fruits et légumes locaux.
Chaque jour, les petits producteurs arrivent avec leurs vieux fourgons et j'adore ce rassemblement sous casquettes de laine où aucune concurrence ne fait rage, bien au contraire ; la gérante fait couler le café, ça discute tasse en main, qui de ses soucis d'asticots dans les oignons, qui de ses carottes embourbées et qui de ses panais qui cette année ne sont pas bien gros... chacun ses misères et chacun tente d'aider l'autre par son expérience en la matière.
Sur l'étal extérieur, un des paysans dépose un cageot de salades frisées (illico, je visualise la vinaigrette bien aillée garnie de lardons dorés ou de quelques anchois à l'huile...)
Lorsque je saisis une salade, je suis époustouflée par sa taille, je me retourne donc vers le cultivateur :
-- Wahou !! Y a du lourd là ! C'est poussé avec ou sans Monsanto ? (oui je suis chiante !)
-- Elle veut me mettre en rogne la petite dame ? (rétorque le producteur tout en sortant un mètre-ruban de sa poche). Ici nous avons une terre très riche en humus qui convient parfaitement aux salades d'hiver qui ont besoin d'avoir chaud aux fesses !
Et regardez : 60 centimètres de diamètre... vous allez en manger pendant huit jours !!
-- Aucun problème, j'adore la frisée et pardon de vous avoir titillé ! Mais comment vous faites pour que ses feuilles, même les premières, soient aussi claires et souples ?
-- Il s'agit d'une semence ancienne que j'achète chez Kokopelli, elle demande beaucoup de temps et de soins pour sa croissance, mais la récompense tient justement dans la tendreté de la salade : Au lieu de payer une frisée pour n'en consommer que le cœur jaune, là vous pouvez tout manger avec le même plaisir...
Le prix : 2,70 euros. Et oui, il avait raison : j'en ai mangé pendant plus d'une semaine !
Mais comme elle venait d'être coupée, je n'ai eu aucune perte, jusqu'au bout elle est restée fraîche, tendre, croquante et nourrissante.
J'ai bien dû proférer 20 fois "Oh pitain, que c'est bon" en la mangeant mais c'est la vérité et cette saveur authentique.... je l'avais oubliée.
Alors oui, sur le coup, 2,70 € pour une salade ça fait frémir mais 2,70 divisé par 8 = 34 centimes par jour, hein !!!! C'est plus pareil.
Alors on en conclut quoi de tout ça ?
- D'abord qu'il est quasi INUTILE DE CUISINER si les aliments que l''on achète sont d'excellente qualité à l'état brut. Et ce que j'avance là n'est pas anodin, relisez voir, c'est même énorme ^^
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Que manger souvent les mêmes produits n'est pas lassant puisque c'est un immense plaisir renouvelé et même attendu avec impatience.
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Que les choses les plus simples sont les meilleures.
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Que se rendre ensuite dans un supermarché devient une punition, un écœurement.
J'ai été obligée de " descendre à la ville " pour les articles de droguerie et de bricolage ; en passant devant les rayons alimentaires j'ai réalisé qu'avant, je ne les voyais pas tels qu'ils sont réellement parce qu'ils faisaient partie de mon petit univers : Matières plastiques toxiques à gogo, tout pré-râpé et pré-emballé, tout baignant dans des liquides indéfinissables très riches en saumures et autres poisons.
Ce n'est pas vraiment une prise de conscience mais plutôt une sensation de tromperie tentaculaire qui encourage à la paresse et à la dépense. -
Que je dépense beaucoup moins d'argent en mangeant sain et bio !!
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Curieusement (?), alors que je m’apprêtais à consulter un gastro-entérologue parce que je ne digérais plus rien (je n'y parvenais que grâce au Citrate de Bétaïne) tous mes symptômes ont disparu.
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Curieusement (bis) mes douleurs articulaires sont atténuées... Elles ne me quitteront jamais mais si je peux me passer d'anti-inflammatoires, autant dire que je ne me ferais pas prier.
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J'ai perdu du poids, un comble en mangeant de la charcuterie et du pain, n'est-ce pas ? Mais non, puisque ces produits ne contiennent pas plus de graisses et de sucres qu'il n'en faut et que gras et sucres sont naturels !
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Je zappe le repas du soir sans le vouloir !!!! Si mon organisme est rassasié par l'alimentation du matin et du midi, il ne réclame pas. Donc, à quoi bon le saturer ? Je l'écoute et lui obéis.
Qu'est-ce qui peut sauver les citadins ?
LE MARCHÉ me semble-t-il, demeure le meilleur approvisionnement et si on a des thunes, les boutiques ou paniers Bio.
Sur un marché il y a des petits producteurs, il faut bien vérifier d'où ils viennent car la tromperie est partout mais celui qui affiche la photo de son poulailler et son adresse ne ment pas.
Sur un marché on achète du vrai, des produits qui ne pourrissent pas le lendemain, qui sont rassasiants à haut pouvoir nutritionnel.
Après..... on peut argumenter Impossible pour moi : Je travaille !
Dans ce cas, on profite d'un jour de congé pour aller au marché faire la connaissance des maraîchers ; ils sont habitués et heureux d'aider les femmes actives : Il suffit de s'arrêter le matin en passant pour leur déposer la liste des produits souhaités mais grâce à Internet et au téléphone, de plus en plus de producteurs proposent qu'on leur passe commande (ce qui évite un arrêt le matin au marché).
Il faudra bien sûr aller récupérer son panier entre 12 et 13 heures et régler sa note, mais avec un bonus fréquent : Un petit prix ou le cadeau de denrées fragiles qui ne supporteraient pas un remballage et un retour....
10:32 Publié dans Billet du jour... Bonjour !, Société | Lien permanent | Commentaires (45)