26/09/2017
Une soupe oui... mais une soupe de fruits !
Il y a un truc hyper simple que j'ai toujours adoré : Les cerises cuites !
Encore un souvenir d'enfance.... Sauf qu'on ne faisait pas cuire les cerises pour les sauver mais par pure gourmandise, à tel point qu'on attendait même pas leur refroidissement !
Les adultes les cuisaient au vin rouge, pour les enfants c'était à l'eau.
Les noyaux deviennent cramoisis et leur parfum d'amande est ainsi décuplé dans la pulpe du fruit.
En automne, le temps des cerises est bien terminé mais d'autres fruits sont volontaires pour se voir transformés en une bien curieuse soupe... puisqu'on la déguste au dessert !
Très différente de la salade de fruits, la soupe est concoctée dans une infusion d'épices et se consomme tiède, on la travaille un peu comme une compote.
Bien entendu, la recette permet d'écouler les pommes ratatinées, les bananes qui ont perdu leur fraîcheur et les grains de raisins qui trainent au fond du panier mais aussi les achats ratés (fruits trop acides ou pas assez mûrs).
L'INFUSION :
Dans une marmite, on versera 1,5 litre d'eau puis on y plongera les épices et ingrédients suivants (à varier et à sélectionner selon ses goûts) :
- Une gousse de vanille fendue et grattée (ou 1 càs d'extrait de vanille ou vanille en poudre)
- Un petit bâton de cannelle
- Un éclat d'étoile de badiane (une entière c'est trop fort)
- Un sachet de thé parfumé (aux fruits, Earl Grey...) ou quelques feuilles de verveine
- Des écorces et/ou quartiers de citron (jaune ou vert) mais pas trop pour n'avoir que du parfum et pas d'acidité.
- Une tige de citronnelle (si on a la chance d'en avoir)
- Quelques grains de poivre parfumé
- Une feuille de laurier-sauce
- Une rasade de vin rouge, de Porto ou de Rhum
- 2 clous de girofle
Au minimum, prévoir les écorces d'agrumes, la cannelle, le poivre et le thé.
On chauffe l'infusion à frémissement puis après 5 minutes on retire le sachet de thé mais on laisse la marmite sur feux doux.
Esthétiquement, chacun fera comme il aime : Soit les fruits seront détaillés en petits morceaux comme ci-dessus...
... soit ils resteront en tranches comme ici, mais dans ce cas, il ne faudra pas les peler pour qu'ils se "tiennent" à la cuisson.
Donc, une fois lavés (pelés ou pas) les morceaux de fruits rejoignent l'infusion.
On y mettra les fruits les plus fermes à cuire en premier : Pommes, fruits secs (abricots, pruneaux, raisins sultanines, amandes, cranberries, baies de goji...) certaines poires très fermes, des marrons en conserve...
Ces fruits-là cuiront (toujours à petit feu) jusqu'à ce que la pointe du couteau y pénètre facilement.
Enfin, on ajoute les tranches d'agrumes, les grains de raisins frais et ceux de grenade, les rondelles de bananes, les poires très mûres. On coupe le feu, on couvre et on laisse tranquille, il sera bon de réchauffer quelques minutes avant de servir.
On pensera aux mangues, aux fruits rouges en conserve au naturel et si la "soupe" vous semble peu sucrée et trop acide, un trait de sirop de grenadine (ajouté feu coupé) ou une cuillerée de miel viendront à son secours.
On servira au bol ou à la grande tasse (avec une écumoire) et si quelques marguerites passent par là, chipez-leur des pétales, ponctuez la présentation avec une feuille de menthe fraîche, une serviette en papier de couleur pastel... et surtout FILTREZ l'infusion chaude avant d'en napper les fruits à la louche.
Un dessert tiède en automne... l'essayer c'est l'adopter parce qu'il est réconfortant en diable !
02:01 Publié dans Fruits divers, Soupe | Lien permanent | Commentaires (15)
22/09/2017
Les jujubes.... cueillette et souvenirs
Dans le Midi, pour trouver des amandiers, des noyers, des figuiers et des jujubiers rescapés et libres, il faut se placer en haut d'une colline afin d'embrasser la plaine du regard et lorsqu'on aperçoit une bâtisse en ruine, c'est là qu'il faut aller !
Autrefois, les arbres nourriciers étaient sacrés et protecteurs, donc plantés contre les murs orientés au Sud, sans oublier le laurier-sauce pour les futures daubes...
Abandonnés, ils prennent des formes échevelées et tourmentées mais ils donnent encore des fruits, forcément sains puisque ignorés de tous... sauf des oiseaux, des rongeurs et des lapins de garenne qui s'en régalent et les cantinent pour l'hiver !
Mes pas m'ayant portée vers ce magnifique jujubier accolé à une ruine, je restais un moment interdite...
Port élégant, racé, rappelant un peu la nonchalance du saule pleureur, ses feuilles sont vert clair, dentées, vernies, les branches sont porteuses de redoutables épines défensives.
Les fruits mûrs se mêlent à ceux qui n'ont pas encore pris leur belle teinte chocolat, ce qui autorise plusieurs récoltes et j'vais pas m'gêner !!
J'ai beau savoir que cette note n'intéressera pas trop les "nordistes", il y a parmi elles des personnes originaires d'Italie où l'on vénère le jujubier, d'Asie (il est né en Chine), des lectrices dont les racines sont en Afrique du Nord et les jujubes, elles connaissent !
En Asie, les jujubes trouvent une large place en cuisine, il est appelée "Datte chinoise". Au Maroc et en Algérie, on le nomme suivant les régions "Sidr" ou "Aneb" ou encore "Zefzouf" mais dans ces deux pays, le jujube est surtout utilisé pour ses vertus cosmétiques, médicinales et.... pour chasser le mauvais œil !!
Le jujubier (Ziziphus Jujuba) en fleurs au printemps. Pas vilain non plus, hein ?!
Tout en cueillant mes petits fruits adorés (et en m'en goinfrant) j'ai eu comme une envie de parler des jujubes ici, d'en faire un peu le tour avec vous, un genre de voyage vers un fruit sauvage en voie de disparition, méprisé, ignoré en France alors qu'en Italie toute proche, il a son jour de fête.
Souvenirs... souvenirs...
Le jujube -pas plus gros qu'une belle olive- m'émeut au plus haut point car il me replonge dans une petite enfance que je me suis efforcée d'oublier à l'exception de mon grand-père et de son jardin.
Lorsque dans la maison on se battait à coups de n'importe quoi et qu'on hurlait trop fort, mon pépé voulait m'épargner : il venait me chercher à l'école (ce qui était mauvais signe) et nous marchions tout doucement main dans la main vers la maison.
Au lieu d'y entrer, Eugénio m'emmenait vers son potager où il y avait toujours une petite tomate pour moi, une fraise, un grappillon de raisin, et bien sûr un jujube ! Il en surveillait la maturité afin que j'en ai toujours la primeur dans cette parenthèse à l'écart de la guerre.
J'adorais la saveur douce et mielleuse des jujubes dont la pulpe fond trop vite dans la bouche.... et mon grand-père le savait bien, lui aussi les aimait mais il s'en privait pour moi.
En Italie, on fabrique artisanalement une liqueur précieuse à base de jujubes, sombre et épaisse (semblable au vin de noix, photo ci-dessus).
Dans toutes les contrées où l'on cueille les jujubes, on les transforme en une pâte dont la saveur rappelle la pâte de dattes.
En Afrique et en Asie, on place des ruches au milieu des jujubiers, les abeilles sont friandes des fleurs comme des fruits et produisent un miel aussi cher qu'incroyablement parfumé, ayant (dit-on) des pouvoirs aphrodisiaques.
Les feuilles sèches du jujubier permettent des tisanes qui soignent les problèmes intestinaux, le diabète mais dont la première vertu est d'apaiser l'esprit, puis accroître l'énergie vitale et renforcer le tonus musculaire.
L'huile de jujube soigne le psoriasis, l'eczéma et la gale mais répare aussi les rides et les cernes noirs dus aux maladies du foie. Un antioxydant parfait.
Quant à la poudre de feuilles de jujubier, les femmes du Maghreb l'emploient pour laver leurs cheveux à la place du shampoing, renforcer la fibre capillaire, favoriser la repousse et redonner du volume. Elle donne de la luminosité aux cheveux, et peut être utilisée comme une alternative au henné neutre (non colorant).
Comparable à la Spiruline par sa composition et sa teneur en vitamine A, la poudre mélangée à un peu d'eau devient un véritable masque-soin des cheveux cassants, fins et sans volume.
Mais ce n'est pas tout, placée en pyramide dans une coupelle près de la porte d'entrée, la poudre magique chasse le mauvais esprit et les vilaines sorcières !!
En confiture (ci-dessus) j'ai essayé une fois, et je n'ai pas trouvé cela extraordinaire, la saveur est trop discrète, mais la couleur d'ambre est superbe.
Avant de reparler du fruit frais, on va voir que même le bois du jujubier est (a été chez nous) utilisé pour fabriquer des instruments de musique, des objets religieux ou culinaires. Son veinage et sa brillance sont incomparables :
Du coup, une pensée traverse ma tête :
Au fil du temps, on aurait pas un peu perdu toute une tripotée de métiers, de rituels, de préparations ?
Des "choses" qui faisaient notre histoire, notre bonne santé, notre patrimoine et quelque part, notre fierté ?
La "vox populi" incrimine un peu trop facilement les étrangers qui débarquent en France comme s'ils venaient nous prendre notre travail. Mais.... a-t-on vraiment eu besoin des émigrés pour laisser tomber des métiers qui avaient une valeur et une âme ?
D'un arbre, on tirait des fruits, des feuilles, des noyaux, de la sève, du bois d'ébénisterie, des écorces protectrices de semis.... Non ? Je délire ?
Bref, revenons à nos gourmandises buissonnières...
Voilà les trois stades d'un jujube:
- A gauche, très brun, il est encore trop ferme, sa chair est presque verte et assez acide mais certains l'aiment ainsi.
- Au centre, un peu blet, il est en confiture à l'intérieur, c'est comme ça qu'il est au top. Son goût est indéfinissable car unique même si la texture et la saveur rappellent un peu la datte.
- A droite, il a séché (en principe sur des claies au soleil) et sera employé pour préparer un thé médicinal :
Dans l'eau bouillante, les jujubes se réhydratent lentement. Bu le soir, ce faux thé offrira une nuit des plus paisibles et le matin à jeun, il débarrassera l'organisme de ses toxines.
Ici, un jujube frais, tranché et dénoyauté pour que l'on voit bien l'intérieur de ce fruit sauvage.
A ce stade (un peu blets), c'est juste du bonheur ! Un cœur coulant dans une robe fine orange foncé et croquante qui éclate en bouche en faisant du bruit...
Allez, j'en laisse sécher une poignée, pour le plaisir de les voir encore un peu en hiver...
Mais la froidure n'est pas encore arrivée !
Demain, je retourne cueillir des jujubes, je vais revenir une fois de plus toute griffée par les épines acérées de l'arbre sous lequel je dois me faufiler mais cocagne, la joie que j'éprouve est incommensurable.
Et puis... je revois le regard bienveillant et malicieux de mon grand-père qui me tend un jujube comme un trésor souverain, j'entends son fort accent italien et sa voix rocailleuse qui me dit "Mange, petite, c'est rien que pour toi "....
Cette note ayant été rédigée en plusieurs fois, je suis revenue entre temps sur "mon" lieu de cueillette un peu comme l'assassin revient sur le lieu de son crime ;)
Car même si l'endroit est abandonné, je voyais bien le toit d'une grande ferme non loin de là.
Où que l'on soit (disait mon grand-père) on est toujours chez quelqu'un !
J'éprouvais donc un certain malaise à me saisir d'un bien qui ne m'appartenait pas...
Après avoir rempli un ième panier, je me suis dirigée vers la ferme, cherchant à apaiser ma conscience.
Un homme âgé prenait le soleil devant la porte.
Sans la moindre crainte, il m'a offert de m'asseoir près de lui.
Je lui ai montré ma cueillette et raconté ma petite histoire...
Il a baissé la tête, est resté silencieux un long moment puis a lâché "Et si on se buvait un petit café ? "
Proposition acceptée avec joie !
On a bien bavardé, il a passé un moment inattendu, et moi je me suis encore enrichie...
Avant que je ne prenne congé, le vieil homme m'a dit "Vous pouvez revenir quand bon vous semble et même ramasser tous les jujubes... mais je crois qu'ils ont le ver ! "
J'ai répondu "C'est pas grave Monsieur, au contraire c'est signe de naturel et comme ça je mange aussi des protéines !"
J'ai largement remercié le grand-père et en partant, on s'est embrassé mais il n'allait pas me lâcher si facilement !
En m'emboîtant le pas, on a traversé son potager. C'est très émouvant le potager d'un papet.
Sans rien dire, il a ramassé les dernières tomates, puis a sorti un Opinel de sa poche pour couper une courge muscade et m'a offert le tout.
J'en aurais pleuré... Allez, encore un gros bisous et on s'est dit "A la prochaine !"
04:18 Publié dans Fruits divers, Je cueille | Lien permanent | Commentaires (23)
19/06/2017
Pour une poignée de cerises !
Chiche qu'on craque pour une petite douceur !!
Quand une dizaine de cerises se courent après dans un bol, qu'elles sont un peu blettes... on ne va pas les jeter !
On trie, on coupe en petits morceaux sains et on dénoyaute. Pour si peu de cerises, utilisez l'astuce du trombone de bureau, tordu comme ci-dessous, introduit au cœur du fruit côté queue et il ne reste qu'à tirer le noyau vers soi :
On va transformer cette petite quantité de fruits en MUFFINS CERISE-CHOCOLAT NOIR, c'est facile, rapide et relativement peu calorique.
INGREDIENTS :
* Une douzaine de cerises
* 2 œufs
* 80g de beurre
* 1 tablette de chocolat noir à pâtisserie
* 60g de sucre
* 60g de farine
* 1/2 sachet de levure chimique
NA !!!
Le fait que les cerises ne soient pas nombreuses donne un effet de surprise en bouche, et c'est bien agréable !
En outre, si elles étaient en plus grande quantité, en donnant du jus elles empêcheraient la pâte de lever... donc, aucun regret, que du plaisir !
LA RECETTE :
- Les cerises sont dénoyautées et morcelées grossièrement.
- Dans un saladier, casser les œufs, ajouter le sucre et battre jusqu'à ce que le mélange mousse un peu et blanchisse. Si vous avez un mixeur plongeant avec une petite vitesse, le résultat sera parfait !
- Utiliser le micro-ondes pour faire fondre le chocolat : Le casser dans un bol, ajouter le beurre, chauffer UNE MINUTE à pleine puissance, ouvrir le MO, remuer, remettre encore UNE MINUTE à chauffer. Mélanger sans excès.
- Verser cette préparation dans le saladier œufs-sucre, mélanger.
- Ajouter la farine et la levure. Chassez le grumeau d'un coup de batteur, bien lisser l'appareil.
- Allumer le four traditionnel sur 210°.
- Incorporer les cerises à la préparation, répartir dans des alvéoles à muffins.
La cuisson étant brève, on peut remplir (pas à ras bords, hein !) des caissettes en papier directement dans les moules, elles n'auront pas le temps de brunir.
- Il est indispensable de préchauffer le four si on veut une belle levée. Dès la tôle enfournée, on baisse le thermostat sur 180°. Cuisson : entre 15 et 20 minutes.
La surface des muffins se craquelle et peut même s'ouvrir (preuve que la cuisson est correcte), les défourner, ne pas y toucher et les laisser refroidir tranquilou.
NOTA : Ayant un mini four et donc une petite plaque à alvéoles, on doublera les quantités pour une bande de gourmand(e)s !
15:54 Publié dans Chocolat, Fruits divers, Petite Cuisine | Lien permanent | Commentaires (20)