Avoir du Trèfle

   Qui n'a jamais cherché un trèfle à quatre feuilles, à plat ventre dans l'herbe, au moins une fois dans sa vie ?
Ensuite, nous avons tous piétiné avec arrogance cette plante traçante et envahissante, jugée "mauvaise herbe" tout juste bonne à donner aux bestiaux comme fourrage...

S'invitant dans les jardins potagers et fleuris, c'est avec rage qu'on déracine le trèfle rouge tout en sachant qu'un de ces jours... c'est lui qui gagnera la partie !
Mais son terrain de prédilection reste la prairie et le bord des chemins qu'il colore en rose dès les premiers beaux jours.

Les abeilles l'adorent et les enfants de ma génération se délectaient de sucer chaque pétale tuyauté pour en aspirer le nectar au puissant goût de miel !

Le trèfle rouge (trifolium pratense), appelé aussi "trèfle des prés" donne une tisane à la saveur fleurie et sucrée mais il est avant tout LA plante amie de la ménagère de plus de 50 ans ;-)

En effet, il n'a pas son pareil pour atténuer les bouffées de chaleur liées à la ménopause, faire baisser le taux de cholestérol et prévenir l'ostéoporose.
Mais le trèfle est aussi un excellent dépuratif.

CONTRE-INDICATION : Ne pas utiliser chez la femme enceinte ou allaitante.

Même si nous connaissons bien ses feuilles ovales d'un vert vif ornées d'un croissant blanc, ce sont ses fleurs qui nous intéressent.

Et si la tisane vous agace, récoltez, lavez et mangez les fleurs du trèfle rouge dans une salade verte pour vous faire du bien et vous régaler de leur douce saveur.

CUEILLETTE ET SÉCHAGE :

Les fleurs seront cherchées dans un lieu non pollué, loin d'une route. Une fois ramenées à la maison, il faudra les laver soigneusement puis les laisser égoutter dans une passoire pour enfin les étaler sur une couche de papier absorbant (non imprimé) dans un plateau.
La belle couleur rose deviendra plus terne (photo ci-dessus), voire brunâtre et c'est normal. Pour vérifier si le séchage est complet, fiez-vous d'abord à votre nez !
La récolte sent bon le foin (présence de Coumarine) et les pétales se défont entre vos doigts.
On peut les ranger en sachet papier ou en bocal coiffé d'un tissu aéré : Notre trèfle est bon pour le service annuel !

LE DOSAGE POUR UNE TASSE :
Mettre 2 cuillers à café de fleurs (fraîches ou sèches suivant la saison) dans le volume d'un verre d'eau et porter à ébullition. Aux premiers frémissements, le feu est coupé, la casserole couverte. On patientera 6 minutes avant de filtrer.

LES BONS MARIAGES :

- Un filet de jus de citron dans la tasse. Appréciable au goût mais il décolore le liquide rose !
- Une touche de miel exhalera le parfum fleuri de la tisane.
- La racine de pissenlit séchée ou le tilleul.
- le thé.

En pleine canicule, la tisane rose servie sur glace est un délice... qui en plus fait du bien !

>>> Il me tarde d'aller ramasser les fleurs de trèfle parce qu'elles offrent une excellente boisson (chaude ou froide) et chaque année c'est la même histoire : Je ne vois pas assez grand.
Il faudrait en faire sécher un bon cageot pour faire le tour du calendrier...

Les copines qui "boivent la tasse" et qui aiment sa saveur demandent mais c'est quoi, ça ?
Elles font une drôle de trompette lorsque je réponds C'EST DU TRÈFLE et... c'est un AS !!!

Cédrat, mon Amour...

   ... ou comment passer une journée extraordinaire avec 2,50 euros !

Février-mars, c'est la pleine saison des agrumes. J'apprends que la jardinerie Truffaut de Montpellier accueille un marchand d'agrumes sicilien sur son parking... mon sang rital n'a fait qu'un tour !
Et si le gars avait eu la bonne idée d'emmener des cédrats.... ce serait inouï.

L'annonce précise que les fruits proposés n'ont pas reçu de traitements chimiques. Génial !
Bien sûr, j'aurai pu trouver un cédrat en magasin bio (il y en a aussi actuellement chez Grand Frais), mais là, je pourrai jacter un peu en italien, les révisions c'est toujours bon...

Le cédrat (fruit éléphantesque et grumeleux) est en réalité l'ancêtre du citron commun.

Sa culture s'est perpétuée en Corse du Sud, en Sicile, en Sardaigne, il en reste quelques arbres sur notre Côte d'Azur et en Afrique du Nord, même si la Chine et le Sud des USA l'ont récemment acclimaté.

Un cédrat peut peser jusqu'à 3 kg !
Seule son écorce est intéressante (il n'a presque pas de pulpe), écorce utilisée principalement en parfumerie de luxe (l'Eau Sauvage de Dior, c'est du cédrat !).

Cédrat corse confit entier.

Son usage en confiserie est en train de disparaître : Le cédrat se fait rare,  le produit fini demande au moins 3 semaines de travail totalement manuel... le prix de vente du divin cédrat confit -vous l'imaginez bien- arrive au top de la folie douce !

Voyez ici la différence entre un citron (à droite) et un cédrat... de petite taille.

VOUS AVEZ DIT FOLIE DOUCE ?
Alors ça m'intéresse ! Non, je ne vais pas poster ici la recette du cédrat confit même si j'en ai acheté deux et qu'ils sont bel et bien en cours de préparation !!!

Cédrat ouvert en deux : Vraiment très peu de pulpe !

ENVIE D'EN TRIPOTER UN, HISTOIRE D'EMBAUMER VOTRE MAISON... AU MOINS ÇA ?!
Rien de plus facile et de plus économique pour étonner les papilles de vos convives : L'écorce de cédrat possède la particularité de rester intacte si elle a été congelée !

ATTENTION !
Râper un chouia de zeste sur une tarte au citron, sur une salade de fruits ou sur une boule de glace peut provoquer une avalanche d'orgasmes en cascade... Il suffit d'imaginer la saveur du citron à la puissance 100, mariée à un délicat parfum de cèdre... d'où le nom du fruit !

Une fois bien brossé et essuyé, on coupe l'agrume en 2 puis en 4 pour en tailler des quartiers auxquels on retire pulpe et pépins (à semer de toute urgence !).
Les quartiers sont mis à congeler dans une barquette ouverte (photo ci-dessus) dont on se servira ponctuellement.

Extrêmement riche en huile essentielle des plus concentrées, le froid la conserve mais ne la fige pas : En râpant l'écorce (y compris la partie blanche), on parfume à volonté !

HUILE, COPEAUX ET EAU DE CÉDRAT 
D'un cédrat, il ne restera rien !
La pulpe, si minime soit-elle, plongera dans une carafe pour faire une suave infusion froide en compagnie des petits déchets comme le "croupion" du fruit.

En préparant le confisage, j'ai récupéré la pointe des fruits, toute grumeleuse et tourmentée.
Avec un petit couteau, j'en ai tiré des lambeaux (sans la chair blanche). 

Ils ont été scarifiés à coups de lame afin de percer les capsules d'huile essentielle puis immergés dans un flacon d'huile d'olive (à droite sur la photo et détail ci-dessous).

Ils ne resteront immergés que 48 heures, l'huile sera filtrée car le cédrat est terriblement amer ; on lui laisse délivrer tout son parfum, mais on ne veut pas de son amertume !

Les petits copeaux de zestes récupérés ne partiront pas à la poubelle, ils finiront dans la sauce crémée d'une découpe de poulet... la sensation de fraîcheur sera décuplée par rapport à un citron tout entier.

   Je reviens à ma fiole d'huile au cédrat (que les meilleurs fabricants vendent en moyenne 50 euros le litre !) :
Un brin émue en la regardant car elle est lourde de symboles : Elle réunit mes racines, ah bin ça alors !
L'huile d'olive a "baigné" mon enfance, ma mère étant née à Nyons et le cédrat, c'est le sang de mon père né en Sardaigne.
Je SAIS que ma passion démesurée pour les agrumes est une affaire génétique, je le sais, je le sais ....

Et puisque nous sommes dans les curiosités de la Nature, restons-y !

La famille cédrat comprend une autre variété, moins "commune" nommée LA MAIN DE BOUDDHA (cedrat digitata).
Le fruit (divinisé dans certaines religions), offre les mêmes caractéristiques et s'avère plus facile à travailler en confiture, même si la désamérisation demeure incontournable et identique lors du confisage.

Et vous voudriez qu'on ne craque pas devant une corbeille d'agrumes aux parfums... essentiels ?
IM-PO-SSI-BLE ! 

Docteur Pissenlit

   Lui, tout le monde le connait... depuis la nuit des temps !

Et si j'en parle en février, ce n'est pas innocent :

- Nous aurons bientôt une de ces journées indéfinissables où l'on met le nez dehors et même si le froid est encore vif, on sent comme un petit parfum de chlorophylle dans l'air, la lumière est plus crue, les maisons se détachent parfaitement du ciel bleu... le tout provoque une folle envie d'aller courir dans l'herbe. En un mot, ça fleure bon les prémices du printemps !
Donc, panier, couteau, départ imminent pour la vadrouille assez loin des centres urbains, vers un lieu non pollué, on va se bouger, profiter du bon air et faire des provisions un peu spéciales...

- Nous cueillons des pissenlits et il en faudra beaucoup.

Pourquoi si tôt ? Parce que ce sont leurs racines qui nous intéressent et qu'en fin d'hiver elles sont littéralement gorgées de bonnes énergies.
Une fois en fleurs, adieu la riche sève, elle est partie dans les feuilles (dont on se régale aussi) et dans les fleurs (que l'on travaillera en fin de note).

Les plus puissants actifs du pissenlit sont concentrés dans les racines avant floraison : 

Vitamines A, B et C, provitamine A (équivalent de la quantité contenue dans les carottes), potassium, magnésium, cuivre, fer et calcium.
La racine renferme surtout de la Taraxacine (le nom savant du pissenlit étant Taraxacum officinale) substance amère diurétique, dépurative et stimulante du foie, anti-cholestérol, anti-inflammatoire, anti-rhumatisme et anti-cellulite qui aide aussi à la bonne circulation sanguine (œdème des jambes) et au transit intestinal.
LA plante médecin par excellence...
Bien entendu, la racine de pissenlit se vend toute prête en pharmacie et magasin bio mais pourquoi dépenser du pognon alors qu'on peut en récolter partout et gratos ?
Allez zou, ça donnera un but précis à votre escapade en campagne !

Rien ne vous empêche de récupérer les plus tendres feuilles pour les inclure dans une salade, mais occupons-nous des fameuses racines :

Une fois tranchées on les place dans une bassine d'eau tiède, voire chaude pour les BROSSER énergiquement.
La terre et une partie de l'enveloppe brune s'en iront. Bien rincer plusieurs fois.
Ce n'est pas grave s'il reste encore de l'enveloppe mais si ça vous agace autant que moi, grattez-là sommairement avec un couteau d'office ou un "économe".

Ensuite, fendez les tronçons les plus gros puis émincez-les pour qu'ils sèchent plus vite.

Étalez les bouts de racines dans une cagette recouverte de papier absorbant et installez-la dans un lieu aéré.
Je pousse le vice jusqu'à placer des cales (rehausseurs) aux 4 coins du cageot afin que l'air circule par dessous aussi ;-)
Le déshydrateur permet d'obtenir des racines sèches en 50 minutes environ (suivant leur grosseur).
Séchage à l'air libre : Retourner les tronçons de temps en temps et patienter 15 à 20 jours pour que la récolte devienne cassante sous l'ongle.

Reste plus qu'à écrabouiller les racines séchées. Plus les débris seront fins, plus efficace sera la décoction. 

On range le tout dans un sac en papier ou un bocal en verre coiffé d'un tissu mais pas de bouchon ; s'il reste de l'humidité, les brisures moisiront.

ASTUCE ÉCOLO-ÉCONO :
Si vous n'avez pas de petits sachets en papier kraft brun, récupérez toutes les enveloppes "du même métal", 2 coups de ciseaux, 3 bouts de scotch, 4 agrafes et hop, on a nos sacs en kraft  !

"Café" de pissenlit.

ASTUCE POUR ÉCONOMISER LE CAFÉ :
En temps de disette, une fois que les racines sèches étaient broyées, on les mettait à griller dans une poêle en les faisant rouler pour un résultat régulier. Le parfum dégagé est absolument semblable à celui du café en cours de torréfaction !!
Ensuite, il suffisait de mouliner pour les réduire en poudre et... faire couler de l'eau bouillante dessus.
Ce succédané du café a connu ses adeptes (bien obligés) en temps de guerre mais de nombreuses personnes en fabriquent encore afin de "couper" leur café et limiter ainsi la quantité de caféine...
Précision : Grillées, les racines de pissenlit perdent toute action bénéfique. Quant à la saveur... heu... bref... oui, ça ressemble à du café, ça a la couleur du café mais... ça reste juste bon... à savoir !

DÉCOCTION DE RACINES DE PISSENLITS SÉCHÉES :

Revenons à notre préparation dépurative :

- Verser 1 grand verre d'eau froide dans une casserole et ajouter 2 cuillers à café de racines sèches broyées.
- Exceptionnellement, on porte le tout à forte ébullition pendant 3 minutes.
- Feu coupé, casserole couverte, on laissera infuser pendant 20 minutes avant de filtrer.

On peut faire une grande quantité d'infusion et la conserver au frais.

A boire si possible matin et soir mais attention, l'amertume étant conséquente, il est sage de sucrer avec un filet de miel. L'ajout d'un peu de jus de citron y va très bien.

LA BONNE CURE :
1 tasse matin et soir pendant 5 semaines afin de purifier tout son organisme et sa complexe tuyauterie !

CONTRE-INDICATIONS :
Pour faire simple et actuel : "Ça arrache et ça décape grave !". Donc, les estomacs fragiles et irritables s'abstiendront.

Tout ce "salamalec" vous parait bien compliqué ? Attendez les beaux jours pour faire une cure de salades de pissenlits (dépurative elle aussi), même si ses effets sont nettement moindres.

TISANE POUR LE VISAGE :

Si l'hiver vous a donné un teint sinistre et quelque peu grisouille, voici comment réaliser une LOTION TONIQUE VISAGE qui va l'unifier et en estompera les taches brunes ou rouges (et c'est toujours gratuit !) :

- Vous aurez cueilli et soigneusement lavé le volume d'un petit saladier de fleurs de pissenlits.

- Jetez-en une poignée dans 1/2 litre d'eau si possible non calcaire, chauffez jusqu'à frémissement, coupez le feu, couvrez et laissez complètement refroidir.
Filtrer le beau liquide d'or, le mettre en bocal fermé, passer cette lotion sur le visage matin et soir avec un coton.
- Se conserve une semaine au frigo.

AVONS-NOUS FAIT LE TOUR DU PISSENLIT ?
Avec notre petit couteau, oui, à peu près.
Mais la recherche travaille actuellement sur les fameuses racines qui contiendraient des molécules capables de stopper la prolifération des cellules cancéreuses au niveau du poumon et de la prostate.

   Comme quoi, les découvertes antiques sont bel et bien remises à l'ordre du jour et... z'étaient pas si fous que ça ces romains !!