22/04/2018
Miam, des fleurs !
La bonne nouvelle, la voilà : Les fraisiers des bois fleurissent ! Si on estime environ un mois de la fleur au fruit bien mûr, vers le 20 mai, j'aurai mal aux reins ^^
"Cerisiers roses et pommiers blancs" disait la chanson...
L'ALLIAIRE est symbolique de l'intelligence de la Nature : A peine l'ail des ours est-il en train de faner que l'Alliaire montre ses feuilles ! Peu de gens y touchent pensant que c'est une ortie mais non, la feuille assez ressemblante est douce aux mains et en bouche ; elle va bien dans les salades qu'elle parfume discrètement à l'ail, bien sûr.
Une récompense : L’ANÉMONE SYLVIE, minuscule anémone originelle que les savants ont modifiée pour qu'elle soit la fleur des fleuristes que tout le monde connaît. Sa feuille -elle- n'a absolument pas changé.
Toute petite (entre 5 et 30 cm), délicate, fragile, timidement rose ou violine, je n'y touche qu'avec mon appareil photo.
Il y a une trentaine d'années, l'anémone sauvage a failli disparaître (trop cueillie ou piétinée), diverses campagnes de protection l'ont rendue à nos sous-bois.
Un grand classique des sauvageonnes : L'ORCHIS, père (ou mère) des orchidées cultivées que nous connaissons aujourd'hui ; j'ai beau en voir chaque année, il y a toujours une pointe d'émotion face à la grande classe que cette plante (souvent isolée et solitaire) dégage.
Les couleurs, les dessins sur les pétales diffèrent d'un lieu à un autre, les spécialistes en comptent des centaines d'espèces et curieusement, ce sont les hommes qui en sont les plus fous !
ÉNORME !! Plus gros qu'un Bourgogne et vu les accidents sur sa coquille, la bestiole ne doit pas être jeune... ce qui ne l'empêche pas de boulotter la tendre Cardamine.
J'ai posé une pièce d'un euro pour qu'on visualise la taille de cet escargot, ça l'a agacé, il est rentré dans sa coquille en moussant de rage ^^
La LUNAIRE (ou Monnaie du Pape ou encore Herbe aux Écus) colonise et peinturlure les rochers, les ravins et les talus.
Tantôt bleue, rose vif ou blanche, son doux parfum n'est perceptible que la nuit.
Jolie plante... que je déteste parce que ma grand-mère m'obligeait pendant des heures à détacher les membranes latérales qui retiennent les graines pour dégager les fameux "écus" d'argent nacré qui finissent leur vie en bouquets tristes et poussiéreux... Beurk..
Ah, ça c'est déjà mieux ! Le MAGNOLIA dépasse de la clôture, donc j'en cueille un tout petit peu pour en faire des chips.
Accroché à un rocher de schiste, enraciné dans une faille humide, le MUFLIER ASARET n'a qu'un intérêt esthétique ou botanique : Il ne sent rien, ne se mange pas (trop velu !) mais on est forcé de s'arrêter pour le regarder tant il est joli.
Là j'ai piqué mon coup de gueule, presque un coup de sang.
Un petit tapis d'IRIS PUMILA (iris nain, l'iris originel), cette espèce est protégée partout en Europe.
Et je vois-t-y pas une bonne femme en train d'en arracher sans ménagement ?????? Oulala...
Sourde à mes informations, elle continuait, j'ai sorti mon portable (sans réseau en ce lieu ^^) et je la préviens que j'appelle le responsable de la protection du Parc.
Le subterfuge a marché, elle a tout lâché et s'est enfuie.
M'a fallu une heure pour replanter les iris, je me suis ruiné les genoux mais demain je viendrai installer un panneau informatif et si possible, dissuasif.
Merde alors, on peut faucher du Magnolia chez un quidam mais pas des iris pumila dans la nature, non m'enfin !
Bon, je me calme en allant cueillir une barquette de violettes, quelques "coucous" et je rentre.
Mises à sécher, elles rejoindront les précédentes pour de délicieuses tisanes hivernales efficaces contre la toux.
Les coucous en feront tout autant.
Na ! Le reste du butin est vidé sur la table !
Pour l'apéro, les pétales de Magnolia sont saupoudrés de sel fin...
... puis passés à four très doux pour qu'ils sèchent sans trop se colorer en brun.
Dommage, ce n'était pas du Magnolia Grandiflora (l'espèce à très grandes fleurs), ces pétales manquaient de sucre et leur goût de résine était trop présent... mais bon, je les ai mangés quand même !!
C'était une matinée bien ordinaire, en somme ;-)
03:52 Publié dans Fleurs, Je cueille | Lien permanent | Commentaires (16)
20/04/2018
Le Plantain a la banane ^^
Lui au moins, tout le monde le connaît !
Le Plantain agace les jardiniers, comme toutes les "mauvaises herbes"... qui pourtant nous veulent du bien.
Vous vous souvenez sans doute de cette plante si, enfant, vous avez été piqué(e) par une guêpe ou une ortie ; la maman ou la grand-mère cherchait autour d'elle une feuille de plantain pour vite l'écraser sur votre peau douloureuse.
Immédiatement, la douleur s'apaisait et disparaissait...
Le remède idéal contre les piqûres d'insectes : Réunir 3 feuilles différentes (si possible Menthe, Mauve et Plantain) pour en frotter le point sensible.
Son aspect unique interdit toute confusion avec une autre plante et même s'il existe 3 sortes de Plantain, toutes sont comestibles, médicinales et sans aucun danger, bien au contraire !
Le port du Plantain est dressé, ses feuilles en forme de fuseau comprennent 5 nervures parallèles en relief (photo ci-dessus), parfaitement identifiables si on regarde le dos de la feuille.
Le Plantain Lancéolé (Plantago lanceolata) pousse partout en Europe : Jardins, bords de routes, prairies, sols arides ou humifères, en plaine comme en altitude et... il adore coloniser les pelouses au grand dam de leurs propriétaires ^^
Les hampes florales sont de véritables snack-bars pour les abeilles et les papillons d'abord, puis ensuite pour les petits oiseaux qui sont friands des minuscules graines du Plantain, mais pas seulement : Chaque réceptacle à graine (quasi vertical) garde l'eau de pluie assez longtemps pour offrir à boire aux oiseaux à petit bec.
Les oiseaux disparaissent, on en compte 30% de moins qu'il y a 10 ans à cause des pesticides, c'est pourquoi les survivants deviennent de plus en plus citadins.
Mais je reviens sur les PETITS oiseaux :
Plus fragiles, moins faciles à nourrir, ils ont besoin du Plantain qui leur délivre des graines riches en protéines vitales et des vitamines leur permettant de conserver un plumage et un système digestif sains.
Donc, si le Plantain envahit votre jardin, arrachez-le oui, mais ne le mettez pas au compost, jetez-le hors de votre clôture, il séchera et fera le bonheur des piafs. Les poules aussi raffolent de ses hampes florales, ainsi que les oiseaux en cage (serins, perruches, etc...)
COMPOSITION DU PLANTAIN :
Mucilages, tanins, flavonoïdes, protéines, potassium, calcium, provitamine A et vitamine C (70 mg de vitamine C pour 100 g de végétal, ce qui est énorme).
Son potentiel anti-inflammatoire, antibiotique et cicatrisant en fait une panacée aussi populaire que justifiée.
En zone pastorale, les agneaux naissent parfois avec "le mal de bouche" (une sorte d'Impétigo) qui les empêche de téter, ce qui les condamne à mort. Le berger masse les museaux avec une écrasée de feuilles et de graines de Plantain, la guérison ne se fait jamais attendre.
ON LE CUEILLE ET ON LE MANGE !
Dès qu'on touche le Plantain, on se rend compte de sa rudesse, sa feuille développée est assez coriace, c'est pourquoi on sélectionne toujours les jeunes pousses du cœur de la plante si elles sont destinées à enrichir une salade.
La feuille de Plantain est douce si elle est jeune, ensuite elle prend un peu d'amertume mais demeure très agréable en bouche ; bien sûr, la salade sera plus gourmande si on prévoit un mélange de roquette, coquelicot (les feuilles grises très dentées ci-dessus) et pissenlits, le tout sauvage naturellement ^^
LE PLANTAIN CUIT :
Quelle que soit la future recette, il faudra laver sa récolte dans l'eau vinaigrée car elle abrite divers insectes, comestibles aussi mais bon... c'est pas le sujet !
Ensuite, pour assouplir les feuilles, rien ne vaut un bref passage à la vapeur, quelques secondes suffisent.
Si vous goûtez une feuille précuite, on retrouve la saveur du haricot vert, celle de la blette et même un petit parfum de girolle...
La plus simple des utilisations : L'omelette.
Elle n'en sera que meilleure et plus dense si on a fait cuire une pomme de terre à la vapeur, coupée en petits dés, ça prend 10' maxi. On utilise les ciseaux de cuisine pour recouper les feuilles de Plantain.
Bien entendu, comme pour toute verdure qui rencontre la chaleur, le Plantain réduit fortement de volume ; pour une belle omelette, il m'en faut un plein sac (sachet recyclable que je pique au rayon fruits et légumes du supermarché mais je leur laisse leurs fruits et légumes ^^)
En tourte ou en tarte, en compagnie de ce que l'on a : Autres légumes, fromage, lardons, etc...
Ça, c'est ma petite gourmandise rurale à moi ! Plantain passé rapidos à la vapeur, étalé dans un caquelon sur un oignon doux émincé et doré à la poêle.
Un œuf est cassé en surface et hop, au four le temps que le blanc d’œuf se fige.
Et avec du pain frais, c'est excellentissime !
Ajouté à d'autre verdure dans la soupe, le Plantain la rendra onctueuse grâce à ses mucilages mais là encore, il sera ciselé car très fibreux.
Pas trop d'idée pour réaliser un gros gratin ? De la Ricotta, du Plantain, le tout en béchamel si possible en compagnie du chou fleur et vogue la galère !
Les feuilles de Plantain (jeunes si possible ou passées à la vapeur si elles sont plus âgées) donnent un Pesto vert foncé très enveloppant et délicieux.
Et là, c'est mon second petit plaisir gustatif, parfait en période de tomates de plein champ sinon tomates en conserve :
Un oignon rissolé, une gousse d'ail écrasée, les feuilles de plantain obligatoirement ciselées en raison de ses longues fibres, du thym, du basilic et des tomates. Une pincée de sucre pour casser l'acidité ambiante, le tout arrosé d'huile d'olive, bien salé et poivré !
Une nourriture gratuite, pleine de bienfaits pour l'homme et les animaux, forcément biologique et si facile à reconnaître...
03:36 Publié dans Je cueille, Plantain | Lien permanent | Commentaires (34)
18/04/2018
Le Pastoralisme, retour 10 000 ans en arrière
C'est quoi, le Pastoralisme ?
C'est l'action d'ouvrir ses portes aux troupeaux afin qu'ils pâturent chez nous, autour des lieux publics en zone rurale ET urbaine, sur nos chemins jamais entretenus.
La cause initiale au retour du pastoralisme réside sans doute dans la recrudescence des incendies dévastateurs, le Var et la Corse s'y mettent aussi... Enfin !
En Cévennes, les éleveurs ont signé un Pacte Pastoral, tous unis pour la même cause : Avoir des bêtes libres, heureuses, des pâtures gratuites et par voie de conséquence, du lait (donc des fromages) au goût exceptionnel, ainsi que de la viande de très haute qualité.
Nous sommes tous concernés.
Oui d'accord, je suis tout petit mais je participe aussi !
Il est intéressant de comprendre les conséquences de ces troupeaux nomades :
Sur l'exemple ci-dessus, nous avons un habitat de gîtes collé à celui du propriétaire.
Aller tondre l'herbe et les buissons dans les pentes escarpées s'avère très décourageant... mais pas pour le bétail !
Tout cet espace vert sera nettoyé sans effort, sans dépense et sans pollution, bien au contraire, la terre sera fertilisée par les déjections des animaux.
Dans les sous-bois, adieu buissons (qui peuvent devenir ardents au moindre jet de mégot), adieu branches basses, la forêt s'aère et surtout, le pâturage empêche les arbres de prendre le dessus sur d'autres végétaux qui étaient étouffés.
Il faut bien savoir que certaines espèces végétales ont besoin d'être broutées et digérées puis rejetées pour devenir fertiles. Et cet herbage est hyper important pour que la biodiversité revienne au premier plan.
Exemple :
La fameuse Armoise, les acacias, les hellébores empoisonneuses (qu'aucun animal ne mange) ont pris l'ascendant sur les bonnes herbes ; le pastoralisme redonne l'équilibre à la nature.
Ajoutons que les chemins de randonnées ont besoin d'être nettoyés, les moutons s'en chargent avec plaisir.
Sous surveillance, certes !
En Cévennes (et ailleurs aussi !) la transhumance est toujours une grande fête estivale mais les bergers ne veulent plus d'une seule sortie annuelle, elle sera désormais quotidienne.
Bah.... je suis ridicule en ce jour de fête, on m'affuble d'un tas de pompons colorés et de clarines (cloches) autour de mon cou qui me cassent les oreilles, les gens crient, ils sont heureux de reprendre contact avec le passé, on fait de moi une star occasionnelle.... Vivement qu'on m'enlève fanfreluches et sonnailles pour que je redevienne un simple mouton qu'on envoie paître !
Voilà, ça y est, le troupeau s'est éloigné du village et de ses flonflons, la barrière a été ouverte, on va se gaver !!!
Mais surtout, les voies d'accès et certains chemins forestiers seront nettoyés et dégagés par les bêtes.
La qualité du paysage s'en ressent, son attrait touristique aussi.
Les éleveurs sont inquiets du réchauffement climatique, le pastoralisme résout en grande partie le problème des cultures fourragères qui peinent à croître car hors période de neige, les troupeaux vont paître partout où les propriétaires terriens ont accepté d'ouvrir leurs clôtures à ce "corridor écologique ambulant".
Autres conséquences :
-- Le danger du loup est écarté, le troupeau restant en basse altitude.
-- La maladie de Lyme reculera grâce au nettoyage des herbes folles et des buissons qui abritent les tiques de plus en plus nombreuses (30 000 nouveaux cas de Lyme en 2016)
Le berger sera heureux de discuter avec la population et d'expliquer sa "nouvelle" stratégie environnementale.
Les aires de camping seront merveilleusement nettoyées, les bords des routes aussi.
D'autre part, certaines communes ont placé des panneaux incitant les automobilistes à la patience s'ils se trouvent soudainement derrière un troupeau...
Dans le Pacte Pastoral, le législateur intervient afin de valider le mouvement :
Aucune obligation n'est ordonnée quant à enlever les chaînes des portails privés mais... en cas de vente du terrain, l'acquéreur devra ouvrir et laisser passer les troupeaux. Cela se nomme la "servitude pastorale", une forme de solidarité imposée, en quelque sorte...
Un zonage pastoral est établi, y compris dans le fameux PLU (plan local d'urbanisme).
Alors devant chez vous, devant votre caravane ou votre tente de camping, si je viens à passer avec mes potes laineux... ne nous jetez pas la pierre, c'est pour votre bien que l'on travaille !
Je remercie vivement les acteurs engagés de Causses-Cévennes Pastoralisme, la Maison de Pays de Valleraugue ainsi que la Communauté des Communes pour le prêt de leurs images.
06:54 Publié dans Billet du jour... Bonjour !, Société | Lien permanent | Commentaires (20)