24/04/2018
Ce qui devait arriver.... arriva !
Afin d'explorer une flore différente (avec l'espoir d'un retard de végétation fournisseur de quelques asperges), je décidais de grimper un peu en altitude ; c'est là qu'on regrette les 4 misérables chevaux sensés propulser sa voiture.... on a envie d'ouvrir la portière et de pousser avec le pied ^^
Le passage entre 700 et 900 mètres d'altitude a été le plus long, le plus lent mais une halte permet au moteur de refroidir et à la conductrice, un bon moyen d'embrasser le paysage vertigineux d'en-dessous :
Chaque hameau surplombe et surveille ses vagues de granit, actuellement verdies par les cultures d'oignons doux.
Et chaque fois, j'ai une pensée émue pour les hommes qui -autrefois- ont eu tant de courage pour creuser la montagne, la rendant ainsi accessible et fertile...
Quitte à stationner, voyons un peu ce que recèlent les buissons alentours...
WHAOU ! Quel accueil, merci dame Nature ! Un énorme entrelacs de mamans asperges, ça pique, ça griffe mais il doit bien y avoir des "bébés" là-dessous...
Y EN A !!!! Et maousses costauds !!
Je suis très silencieuse, mes bottes aux semelles souples me permettent d'entendre tout : Les oiseaux, les grognements des sangliers qui grattent le sol au loin, le froissement des herbes sous le passage des lézards, le butinement des insectes et... des petits bonds mais bonds de quoi ?
Intrigué Jeannot Lapin ? En tous cas, il m'observait !
Le presque imperceptible déclic du déclencheur photo le fera fuir, dommage il prenait le soleil, je l'ai dérangé mais j'ai pu au moins observer qu'il quittait "ses vêtements d'hiver" pour ne garder qu'une toison légère ; d'ailleurs, j'ai trouvé de la laine accrochée aux ronciers et aux églantiers où les animaux sauvages vont volontairement se frotter pour s'en débarrasser plus vite.
Et cette laine n'est pas perdue pour tout le monde ! Les oiseaux -en plein période de construction- viendront chercher le précieux matériau qui donnera une couverture des plus douillettes dans leurs futurs nids...
Bientôt j'aurai un appareil photo qui me permettra d'avoir des images nettes pour les prises de vues de loin, il me tarde.
Après avoir ramassé une belle botte d'asperges, vérifié qu'aucune morille ne pointe le bout de son chapeau, que mon indispensable Sarriette des Montagnes est bien vivante, il est temps de reprendre la grimpette par une route qui se rétrécit au point de redouter le croisement avec un autre véhicule... On fera comment ? Qui ira vers le ravin ?
Mais non, pas de souci, de loin en loin, les habitants ont creusé des garde-fous bien utiles !
L'image ci-dessus réclame quelques explications ^^
Au sommet du lieu (960 mètres), un seul bastion résiste : Une ferme un peu en retrait de la route dont le chemin d'accès déboule en plein virage ; son prudent propriétaire aurait pu acheter un miroir rond, "spécial sortie délicate" qui permet de voir si un véhicule arrive sur sa gauche... Mais non, le bon vieux miroir des familles fera très bien l'affaire !!
Je ris sous cape en pensant qu'en ville, un tel objet ne resterait pas entier et en place plus de 5 minutes...
A cette croisée des chemins, j'ai stoppé pour aller discuter un moment avec un cheval (dont on aperçoit le naseau sous le miroir, en bout de la flèche rouge).
Je lui ai donné une brassée de trèfle blanc et de silène enflé, que du bon à manger pour sa santé mais je n'ai jamais pu le toucher, beaucoup trop craintif et si un cheval réagit ainsi c'est qu'il est ou a été maltraité...
Outre le miroir dans lequel je me tire le portrait en vue de mon inscription au concours d'élégance local ^^ on voit à droite un panneau indiquant "DANGER, l'endroit pullule de sangliers". La belle affaire !
C'est quoi cette légende qui voudrait nous faire croire à l'agressivité du sanglier ?
LE SEUL DANGER DANS NOS FORÊTS, C'EST L'HOMME, SURTOUT QUAND IL EST ARMÉ !!!!
C'est le paradis ici pour les bêtes sauvages : Des châtaignes à foison, des glands, des noix, des noisettes et des racines grasses à manger, des cascades de partout qui leur procurent à boire 12 mois sur 12... Pourquoi diable les sangliers seraient-ils hargneux ?
Bien sûr qu'il est plus prudent de ne pas déranger une laie avec ses petits, elle les protège, mais un solitaire, sa seule réaction face à l'homme sera la PEUR et non l'attaque.
Ce point d'eau facilement accessible doit grouiller d'animaux dès la nuit tombée... Chevreuils, mouflons, lapins de garenne, renards roux, sangliers, rapaces, rongeurs, oiseaux...
Il est temps d'inspecter les plantes du coin.
Le fort écart de température dû à l'altitude ralentit les poussées printanières, il y a un bon mois de différence avec la végétation de la plaine mais ce versant est exposé plein sud, il est abrité des vents, je dois aller farfouiller car je ne serai pas étonnée d'y découvrir quelques mousserons... D'ailleurs, ça sent l'humus et la truffe, ce qui est bon signe !
Seules les feuilles de châtaigniers craquent sous mes pas, mais si peu car elles sont humides.
Quel silence magistral, j'aime ça.
Quoique... j'entends grogner et cette fois, le bruit est proche...
Nous nous sommes retrouvés nez à groin au détours d'une futaie !
Même pas pu immortaliser cet instant trop fugace. J'ai eu beau expliquer au sanglier que je ne lui voulais aucun mal, que je n'étais pas armée... il a tourné les sabots, le malotru !!
Enfin... j'ai au moins pu le photographier dans sa fuite et constater qu'il tenait sa queue basse, signe de paix absolue, une queue dressée indiquerait le contraire. Donc, il a parfaitement compris mes propos, en tous cas les intonations de ma voix l'ont rassuré.
Je m'en veux de lui avoir fait peur, son cœur a dû battre à exploser...
Bon... faut rentrer, la faim me tenaille, cette fois-ci j'ai croisé plus de bêtes que d'êtres humains, ce qui n'est pas pour me déplaire ! Bredouille en champignons, riche en asperges et en images qui trotteront dans ma tête pour rendre plus belles mes nuits...
05:52 Publié dans animaux | Lien permanent | Commentaires (21)