10/04/2018
Une histoire de Coucou
Nan... pas le piaf délinquant qui s'approprie le nid des autres mais la Primevère officinale, celle-ci :
La Primevère [du latin primus (premier) et veris (printemps)] symbolise les mariages heureux et féconds mais toute émouvante qu'elle soit, la mignonne peut provoquer chez certains sujets des réactions allergiques comparables à celles de l'ortie ; donc dans le doute, ne vous asseyez pas dessus !
Sur mon chemin, j'aperçois un tout jeune plant d'Origan mais au moment d'envoyer la main pour en cueillir quelques feuilles, mon geste est stoppé net...
... car on ne dérange pas un couple de Chrysomèles en train de copuler, hein ? Ça ne se fait pas !
Et quitte à jouer les voyeuses, c'est l'occasion d'admirer le vernis rouge et noir de ces coléoptères laqués aussi élégants qu'une paire de Louboutin ^^
Oui, je suis cinglée mais ça, c'est un secret pour personne !!!... Zou, allons rejoindre la prairie pentue...
Tout est intéressant et comestible dans le Coucou :
- Ses larges feuilles charnues et duveteuses sont excellentes en soupes ou en beignets :
- Ses racines (au goût et au parfum d'anis) sont récoltées à l'automne pour en faire des décoctions antibiotiques et anti-inflammatoires efficaces contre les rhumatismes, les maladies bronchiques et particulièrement la coqueluche.
- Ses fleurs crème ont un parfum très doux, apaisant et même suave ; elles donnent un vin, des tisanes calmantes (parfaites pour combattre l'hyperactivité de certains enfants) et elles décorent joliment salades et desserts.
C'est donc cette fleur que nous allons examiner avant de l'utiliser...
Au premier coup d’œil, on dirait que chaque inflorescence est composée de 5 pétales mais en y regardant de plus près, on s'aperçoit qu'il n'en n'est rien :
Un zoom et voilà, il n'y a pas 5 pétales mais un seul échancré en 5 lobes.
TISANE DE FLEURS DE COUCOU :
Les Coucous ponctuent les prairies de jaune pâle, souvent en compagnie des violettes, ça tombe bien, les deux étant anti-stress !
Pour une tasse : 3 cuillères à café de fleurs fraîches (avec leurs calices verts) et si vous en cueillez pour les faire sécher, elles deviennent moins jolies mais il en faudra seulement 2 càc par tasse.
Ci-dessus : Fleurs de Coucou séchées.
Toujours vendues en herboristerie et magasin bio car leur efficacité contre la nervosité, la toux, le rhume et la migraine n'est plus à démontrer.
Fraîches ou sèches, on les laissera infuser 10 minutes sous couvercle avant de boire la tisane.
A cueillir pour faire des réserves médicinales !
MIEL DE COUCOU :
On va dire que l'on confectionne là un "remède" un peu trop agréable à prendre !
- Choisir un miel liquide, y ajouter des fleurs de primevère mais cette fois, on retire les calices verts pour ne garder que les pétales dont le pollen est riche en bienfaits :
Très facile, soulever le pétale, le tirer vers le haut, la fleur se décapsule de son calice.
- Au pilon ou à la cuillère en bois, n'hésitez pas à écraser les fleurs au fur et à mesure de leur mise en pot.
- Saturez le miel en y incorporant un maximum de fleurs.
- Fermez le bocal et abusez de cette délicieuse préparation en cas de toux rebelle, de rhume ou d'insomnie.
FLEURS DE COUCOU EN SALADE ET EN DESSERT :
Les pétales sont si fins, qu'on les mâche sans difficulté, beau et bon !
Si les fleurs de coucou décorent les gâteaux, elles entrent aussi dans le riz safrané au lait et aux amandes, dans les salades de fruits et en "topping" de crèmes glacées.
LE VIN DE COUCOU (méthode express) : Du nectar à l'apéro ou au dessert !
- Immerger une grosse quantité de fleurs dans un vin blanc liquoreux (type Bordeaux moelleux).
- Bien fermer le bocal.
- Laisser au repos hors lumière pendant 15 jours.
- Filtrer et mettre en bouteille.
- Servir très frais sur glaçons.
La méthode ancestrale est toute autre : Les fleurs sont mises à macérer dans des fûts en compagnie d'un ferment (généralement du houblon ou de la levure de bière), du jus de citron et de l'eau.
Lorsque la fermentation est correcte, on soutire et on filtre un vrai vin à la fois délicieux et médicinal, très recherché en Grande-Bretagne.
C'est donc en Angleterre que la Primevère détrône la reine pour prendre sa place, il s'agit d'une véritable institution !
Depuis la nuit des temps, la fleurette a investi l'imagerie populaire... et les cuisines.
Nos voisins britanniques lui donnent des surnoms rigolos ou poétiques : Rose de Beurre, Fleur de Vache (= Cowslip), Primrose, Mayflower (nom donné au célèbre bateau qui conduisit les premiers anglais en Amérique).
Le dessin ci-dessus est extrait d'un ancien conte pour enfants où tous les cueilleurs de fleurs de coucou sont des animaux !
Regardez bien la table (qui est un gigantesque champignon ! ;-) : Outre les pâtisseries à dominante jaune, on aperçoit une fiole ventrue où est inscrit COWSLIP WINE (vin de coucou), d'ailleurs Maître Jeannot Lapin lève son verre pour fêter la fin de leur labeur...
Madame Lapin confectionne le vin de coucou avec minutie au fur et à mesure que criquet, grenouille, rat, écureuil, taupe et abeille lui ramènent leurs laborieuses cueillettes.
Ce conte (et tant d'autres) comporte un but inavoué : L'enfant agité aura envie de goûter au fameux vin ; c'est alors que sa maman lui apportera une tisane de fleurs de coucou (et non du vin ;-), l'enfant la boira avec joie et empressement puis s'endormira comme un ange.... grâce aux composants soporifiques de la plante !
On savait ruser autrefois...
04:10 Publié dans Fleurs, Je cueille | Lien permanent | Commentaires (34)